LA FEMME QUI S'EST ENFUIE

Les films de Hong Sang Soo se suivent et se ressemblent sur la forme, sans pour autant parvenir à toucher. Il est souvent question de métiers de cinéma, de relations amoureuses, le tout alliant promenades et discussions souvent arrosées, autour d’un repas partagé. Il construit ici son récit autour d’une jeune femme profitant de sa première journée « de liberté » en 5 ans, sans son mari, rend visite à deux amies, puis en croise par hasard une troisième. Chaque fois la discussion s’engage avec légèreté pour mieux dévoiler peu à peu le passé qui les relie.

Sans se renouveler totalement, usant de zooms soudains et de plans fixes, l’auteur construit une réflexion intelligente sur l’union, l’amour, la cohabitation, mais aussi l’amitié et la manière dont les liens persistent, au travers du souvenir, qu’il soit heureux ou source de souffrance. Abordant en pointillé leur rapport aux hommes, le scénario invite aussi des sujets d’actualité qui apportent de nombreux traits d’humour (désir à la mode d’être végétarien, difficultés de voisinage, rapport aux animaux, manque de politesse, notion de popularité…).

Autour du café d’un cinéma, il tisse le fil d’un art qui envahit autant qu’il peut avoir un pouvoir curatif. Après "Le Jour d'après", "Hotel by the river" et "Grass", il confie une nouvelle fois le rôle principal à Kim Min-hee, sa muse depuis "Seule sur la plage la nuit", celle-ci s’avérant parfaite d’insécurité à peine voilée. Il en va ainsi du, du rapport a l’art et la. Petite douceur repartie du Festival de Berlin 2020 avec le prix de la mise en scène, il se dégage de ce nouveau Hong Sang Soo un charme infini et un parfum d’apaisement.