LA FEMME DU FOSSOYEUR
Une jolie histoire d’amour en plein cœur de la corne africaine
À Djibouti, Guled, fossoyeur de métier, tente de vivre normalement avec sa femme Nasra et leur fils Mahad. Rien n’est simple d’autant que Nasra souffre d’une grave maladie aux reins et que l’opération semble être l’unique moyen de la guérir. Mais celle-ci coûte cher et Guled va devoir trouver une solution pour rassembler l’argent…
Sélectionné à la Semaine de la critique du Festival de Cannes 2021, "La Femme du fossoyeur" est un voyage dans un pays peu représenté au cinéma : Djibouti. Cannes a ce charme fou de faire voyager les festivaliers et de leur faire découvrir des contrées parfois inexplorées. Ce premier long métrage du jeune Khadar Ahmed est une histoire d'amour universelle inédite en ce sens qu'elle prend place dans la corne africaine, avec son environnement, ses us et coutumes propres. L'amour ne connaît aucune frontière, le drame non plus…
Ce couple africain au cœur du film est confronté au pire : l'épouse est malade et bientôt les médicaments seuls ne suffiront plus à apaiser les douleurs. L'opération semble la seule issue mais elle coûte quelque 5000 dollars, un financement impossible pour le mari, fossoyeur qui a déjà du mal à joindre les deux bouts... Son salut serait de vendre son troupeau de chèvres mais celui-ci se trouve dans le village de son enfance qu'il a quitté quand il a choisi d'épouser celle qui ne lui était pas destinée.
Khadar Ahmed aime à faire découvrir la vie de son pays en installant dans son film des saynètes de vie quotidienne : un marché foisonnant, un bal de mariage, un bar où on se retrouve entre collègues, les jeux des enfants qui sèchent l'école... Il montre aussi les différences des classes pour ne pas entériner l'idée que l'on pourrait se faire de son pays, notamment avec la scène de l'acheteuse qui se fait porter sa marchandise.
Le décor planté, Khadar Ahmed s'attache à développer une histoire universelle, celle d'un amour sur lequel plane un drame et sur la nécessité de prendre ses responsabilités pour sauver ce en quoi on croit. Les ressorts dramatiques de cette histoire sont donc éculés dans le septième art mais, prenant place à Djibouti, ils ont une saveur particulière. D'autant que les images et la musique sont belles, et que les comédiens sont très bons. On regrettera un problème de rythme qui a tendance à assoupir quelque peu le spectateur, réveillé çà et là par une chaussure de femme ou un fils déterminé qui enchaîne les petits boulots. "La Femme du fossoyeur" vaut donc pour la découverte d'un pays rare au cinéma plus que pour son récit qui ne surprendra pas vraiment.
Mathieu PayanEnvoyer un message au rédacteur