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LA FAMILLE HENNEDRICKS

Un film de Laurence Arné

Un étrange mélange de naïveté et de gravité

Justine et Ludo se sont installés dans une ferme qu’ils retapent progressivement. Chacun d’eux a un fils, issus d’une union précédente. Mais Henri, fils de Justine, adolescent de 15 ans, en a assez de vivre à l’écart, soumis aux galères d’argent de sa mère et son beau père, et ne rêve que de s’installer chez son père, Pierre, qui lui a réussi. Pour ressouder cette famille recomposée, Justine décide d’embarquer tout le monde en vacances à Noirmoutier, quitte à virer le couple de vacanciers qu’ils hébergent dans leur caravane…

Le premier long métrage de Laurence Arné, comédienne ("La Ch’tite famille", "Dépression et des Potes", la série "Working Girls"...) et pas si accessoirement compagne de Dany Boon, ne démarrait pas si mal. Mettant l’accent sur la charge mentale d’une mère (Justine, interprétée avec peps par Laurence Arné elle-même), prise entre la cuisine, l’accueil d’un couple venu chercher du roots dans leur ferme, un compagnon qu’elle croit se noyer dans la mare (ou pseudo piscine naturelle à l’eau verte...), un ado de fils qui ne pense qu’à se barrer, et un ex hautain (Pierre, que joue Yannick Choirat), le portrait aurait pu être entre le réalisme et le fantasque. Et c’est d’ailleurs l’équilibre que semble tenter cette comédie dramatique, finalement moins drôle que, par moments, touchantes.

Car les moments qui s’avèrent les plus convaincants sont ceux qui sentent le vécu, de la famille recomposée et des ententes pas forcément évidentes, comme ont certainement dû le vivre aux mêmes Laurence Arné et Dany Boon, en quelque sorte dans la même situation que le couple à l’écran, les galères d’argent en moins. La débrouille dont fait preuve la mère, relève finalement plus de la spirale dramatique que de la comédie, même si elle aboutit à une scène hilarante au commissariat vers la fin du film, et le sujet de la musique, censé ici permettre le lien entre ados et parents, apporte plus de scènes risibles ou parfois carrément gênantes, que d’éclats de rire (hormis une super idée autour de la flûte de pan, avec la présence de rivaux inattendus).

Heureusement la complicité du couple d’interprètes est une belle évidence à l’écran, donnant quelques jolies scènes, dégoupillant notamment quelques engueulades, et le réalisme de certaines tensions crée ponctuellement une certaine émotion. Qu’elles expriment la crainte d’une mère de voir son fils malheureux avec elle ou tout simplement la quitter, ou qu’elles expriment le sentiment de solitude d’un ado, ces scènes là auraient finalement mérité de prendre le dessus sur des élans comiques qui s’avèrent en permanence poussifs, que l’on parle de croquettes de nouilles, de pseudo rap, ou de souvenirs qui ressurgissent. Un ballon d’essai qui demande à être transformé, en laissant peut être de côté les fantasmes (la scène où Ludo se prend pour un guitariste à succès est juste une catastrophe...) pour un réalisme qui parle justement simplement aux autres.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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