LA COUR DES MIRACLES
Écol(ogie) élémentaire
Au milieu des grues et des barrières du chantier d’une nouvelle école flamboyante, Marion et Fabrice, jeunes instituteurs, cherchent désespérément l’école Jacques Prévert, une école à la dérive qui lutte chaque jour pour enseigner dans de bonnes conditions…
Aujourd'hui, de nombreuses études révèlent qu'une grande partie des enfants urbains, notamment ceux vivant en banlieue, n'ont jamais accès à la nature. C'est à partir de cet état de fait que Marion, jeune institutrice tout droit débarquée d'une ferme communautaire, propose de transformer la cour d'une vieille école d'Aubervilliers en jardin avec potager et poulailler. Ce passage au vert est le fil conducteur pour aborder un autre sujet, celui de la gentrification des banlieues qui, au lieu d'inciter à une plus grande mixité, provoque des situations aberrantes où on construit des écoles publiques dernier cri, idéalement située pour recevoir les familles aisées au lieu de rénover l'ancienne école publique où restent les plus démunis.
Pour dénoncer cela, "La cour des miracles" use d'un procédé qui a fait ses preuves : réunir des personnages qui n'ont pas grand-chose en commun, afin qu'ils défendent en équipe une cause noble. Les profs sont parfois un peu clichés, surtout le prof "Bobo" à la trottinette électrique qui ne mange que des galettes de riz, mais d'autres sont parfaitement crédibles, la directrice en tête, et qui mieux que Disiz La Peste pour incarner l'ex rappeur que personne ne soupçonne d'être…
Pourtant "La cour des miracles" n'est pas si feel good movie qu'on le pense et son propos est cruellement d'actualité (les profs recrutés chez Pôle emploi, les écoles publiques à 2 vitesses). Aussi, le film propose sans prétention de penser l'école de demain. Certes les nouvelles technologies sont indispensables à présent, mais connaître la nature reste primordial. Malgré quelques petites faiblesses, le film remplit parfaitement son contrat de comédie revendicatrice et c'est l'essentiel.
Gaëlle BouchéEnvoyer un message au rédacteur