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LA CORDILLÈRE DES SONGES

Un film de Patricio Guzmán

Une mémoire gravée dans la pierre

S’intéressant à ce que signifie la Cordillère des Andes pour des artistes ou penseurs chiliens, Patricio Guzmán en vient à comparer le coup d’État de 1973 avec un terrible tremblement de terre. Il revient alors sur la mémoire de la résistance populaire face à la dictature…

La Cordillère des songes film documentaire image

Avec "La Cordillère des songes", Patricio Guzmán clôt sa trilogie composée de "Nostalgie de la Lumière" (Séance spéciale Cannes 2010) et de "Le Bouton de nacre" (Prix du scénario au Festival de Berlin 2015). Et avec ce film, lui qui vit en France et depuis 46 ans en dehors du Chili, tente d’en dresser un portrait au travers d’interviews de sculpteurs, écrivains, vulcanologues, livrant chacun leur perception de la Cordillère. Travaillant sur la notion de mémoire, il mêle aux images de montagnes celles d’archives d’une résistance populaire, s’étonnant de convergence de lutte entre ceux qui sont restés et ceux qui, comme lui, sont partis.

Au fil du documentaire, s’ouvrant sur une vue à hauteur de nuages, puis de splendides plans sur les vallées et sommets, il fait de la montagne immuable le témoin de l’Histoire d’un pays chahuté (les pavés ont participé à la résistance, les pierres ont vu des noms gravés dessus…). Accompagnant son métrage de sa voix-off, posée, il établit un parallèle entre les fissures des rocs et la division de la société chilienne, provoquée par l’expérimentation du néolibéralisme, entre ces trains qui dépouillent le pays des richesses de son sous-sol et des trains fantômes. Et au sein des paroles recueillies résonnent des formulent marquantes à propos du passé, cumulant « les horreurs pas les erreurs ».

Alors que l’émotion monte peu à peu, Guzmán devient aussi plus personnels, reconstituant la façade de la maison de son enfance, mais aussi trouvant son alter-ego sur place en Pablo, homme qui continue à filmer en restant sur place, et dont il nous dévoile les archives « impossibles à effacer », alors que lui-même aura consacré près de 20 films à son pays. Travail de mémoire, "La Cordillère des songes" ressemble à une poésie teintée de politique, évoquant une montagne qui couvre 80 % du territoire, stable, à la fois barrière de protection et facteur d’isolement. Un travail d’orfèvre récompensé par l’Oeil d’or du meilleur documentaire au dernier Festival de Cannes.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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