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LA CONSPIRATION DES BELETTES

Un drôle de titre pour une comédie à tiroirs

Des septuagénaires, Mara, actrice à succès, et son mari Pedro, acteur raté, partagent une grand demeure avec des amis, l’un réalisateur et l’autre scénariste, avec lesquelles l’actrice ne s’entend plus vraiment. Un beau jour, débarque un couple d’agents immobiliers, prêts à tout pour acquérir la demeure, l’homme commençant par flatter l’actrice en jouant les fans persuadés de son potentiel retour sur le devant de la scène…

La Conspiration des belettes film movie

L’un : « Personne ne peut feindre les vomissements ». L’autre : « Pourtant j’ai joué dans sept scénarios à toi ! ». Voilà un échange qui résume en soi les tensions entre Mara, l’actrice propriétaire de la maison, et l’un de ses occupants, scénariste. Pendant qu’elle est tournée vers le passé, rejouant une remise de récompense dans l’entrée, les trois hommes de la maison ne pensent qu’à trinquer à leur existence tranquille, loin du monde, célébrant une « vie parfaite », « pas comme au cinéma », où un « méchant arriverait » forcément à ce moment-là. Et justement, les méchants débarquent, en les personnes de deux agents immobiliers, manipulateurs au possible, auxquels les quatre seniors, malgré leurs luttes intestines, vont donner du fil à retordre.

Juan José Campanella, oscarisé en 2010 pour l’implacable thriller "Dans ses yeux", s’amuse ici avec les codes du théâtre et avec les relations de cinéma, imbriquant dans son récit différentes sous intrigues à même de générer suspense et rebondissements. Remake d’un film argentin de 1976 intitulé "Los muchachos de antes no usaban arsénico", son film évoque les mises en scène d'Ernst Lubitsch, entre allusions subtiles, élégance et efficacité des dialogues, formant au final une satire ironique autour d’anciennes gloires, reposant sur leurs lauriers mais toujours avides de rayonnement, et surtout capables d'inventer collectivement un scénario à même de faire dégénérer l’intrigue principale.

Transposant les personnages des années 1940-50 vers les années 1960-70, il leur donne une vitalité qu’incarnent avec ferveur Graciela Borges ("Mercano le martien", "Viudas"), parfaite, en vieille capricieuse et égocentrique, et Oscar Martinez ("Toc Toc", "Citoyen d'honneur", "Les Nouveaux sauvages"), percutant, en scénariste maniant l'ironie à tour de bras. Face à eux, Clara Lago ("Extinction", "Ocho Apellidos Vascos") campe avec brio une femme à la fois ambitieuse et féroce. Assister à leurs manigances réciproques et à leurs joutes verbales constitue un délice de drôlerie et de suspense mélangés, faisant de cette comédie l’un des petits bijoux de l’été.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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