LA BELLE ÉPOQUE
Le duo Bedos-Tillier à son meilleur dans une exquise quadrille des sentiments
Victor et Marianne forment un vieux couple qui ne fonctionne plus. Elle, accroc aux nouvelles technologies, vit avec son temps, alors que lui reste bloqué dans une nostalgie qui le rassure. Le soir de son anniversaire, Victor, mis à la porte par sa femme, reçoit un bon pour une expérience inédite : celle de pouvoir revivre avec les moyens du cinéma un événement passé. Il choisira le 16 mai 1974, jour où il rencontra l’amour de sa vie dans un petit bouchon lyonnais…
Deux ans après "Monsieur et Madame Adelman", Nicolas Bedos est de retour dans les salles obscures avec une nouvelle réflexion sur l’amour et l’érosion des sentiments. Néanmoins, à l’inverse de ce précèdent film, chronique linéaire et littéraire d’un seul et même couple, "La Belle Époque" se joue en quatuor à travers « les âges », en croisant le destin de deux unions en péril. Celle de Marianne et Victor bien sûr, mais aussi celle d’Antoine, le créateur « des voyageurs du temps » et de Margot, actrice pour sa société qui rêve d’une autre carrière.
Virtuose des mots et des réparties qui font mouche, Nicolas Bedos révèle petit à petit une autre qualité qui lui tient à cœur, celle d’être un cinéaste accompli. En effet, comme Antoine (Guillaume Canet) qui peaufine le moindre détail de ses performances pour que l’illusion du passé soit parfaite, Nicolas Bedos a tissé méticuleusement deux histoires pour n’en faire qu’une dans un canevas cinématographique parfaitement synchronisé.
Passé / présent, amour / désamour, réel / illusion, le réalisateur se joue des antagonismes avec une précision d’horloger suisse. Le scénario foisonnant d’idée est travaillé dans ses moindres circonvolutions. Les scènes se succèdent avec une harmonieuse fluidité, rebondissant d’un duo à l’autre sans perdre la moindre once d’énergie et tout en gardant cette jolie touche de mélancolie qui fait tout le charme du récit.
En effet, derrière cette comédie parfaitement orchestrée se cache une belle histoire qui se nourrit juste de ce qu’il faut de nostalgie pour ne pas tomber dans le « c’était mieux avant », bien au contraire. Les souvenirs que ravive la société d’Antoine permettent à Victor de retrouver l’élan nécessaire pour vivre le présent avec la même exaltation qu’il avait à 20 ans. Une expérience qui, loin d’être une simple réplique du passé, fait vivre à ses protagonistes un nouveau moment magique de leur existence.
Enfin, le petit plus qui fait de ce film un excellent film, ce sont ses personnages. Chaque rôle, jusqu’au plus petit, est parfaitement écrit. Cela faisait longtemps qu’on n’avait pas vu Auteuil dans un rôle aussi profond que léger. Quant à Doria Tillier, elle crève littéralement l’écran en muse passionnée et meurtrie. Un casting 5 étoiles pour une irrésistible comédie, on ne pouvait rêver mieux pour amorcer l’hiver. Un hiver qui se conclura assurément par une avalanche de nominations aux César pour cette si belle équipe de "La Belle Époque".
Gaëlle BouchéEnvoyer un message au rédacteurBANDE ANNONCE
La Belle Epoque de Nicolas Bedos from Orange Studio on Vimeo.