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L'HOMME LE PLUS HEUREUX DU MONDE

Sarajevo et ses fantômes

A Sarajevo de nos jours, un groupe de personnes de tous âges participe à une journée de speed dating. Asja, 40 ans, y rencontre Zoran, un homme au regard intense et à l’attitude torturée. Si Asja est bien là pour rencontrer le potentiel amour, Zoran quant à lui, semble être venu pour une toute autre raison…

L'Homme le plus heureux du monde film movie

Que sait-on actuellement de Sarajevo ? La jeune génération se souvient-elle encore du théâtre macabre qui a transformé la ville de 1992 à 1996 ? De cet affrontement sanglant entre peuples voisins, qui a engendré plus de 12 000 morts dans la population civile ? Asja, 40 ans et un CDI épanouissant, semble bien loin de penser à cette époque-là alors qu’elle se rend à une journée d’activités consacrée à la recherche de l’amour. Un speed dating « à la Bosniaque », où tout le monde doit porter la même blouse pour faire de la journée une expérience collective, et où l’on répond chacun son tour à des questions intimes posées par une voix robotique ; le tout dans une sorte de centre culturel austère.

Dans cette atmosphère, que seul le spectateur étranger semble trouver absurde, se trouve Zoran, l’homme que le titre du film décrit donc comme étant « le plus heureux du monde ». Un titre décalé pour décrire un homme au regard aussi intense que torturé, particulièrement lorsqu’il croise celui d’Asja ; et un homme qui espère, non pas trouver l’amour, mais le pardon.

"L’homme le plus heureux du monde" est un film à l’humour noir comme la dureté de cette vie passée que semble partager tous nos protagonistes. Avec quelques longueurs dans la narration parfois, la réalisatrice prend le parti d’allier le temps du récit à celui de l’histoire, un temps précieux mais bien court pour présenter la palette de sentiments contradictoires que traversent tour à tour nos personnages. À la séduction succède l’incompréhension, à la passion, la haine, à la colère, la libération. Une série d’émotions fortes qui donne au métrage une énergie un peu inégale, tout en réussissant la prouesse d’engendrer une flopée de dialogues savoureux, où se mêlent discussions légères du quotidien et sujets plus graves sur lesquels plane le souvenir de la guerre.

Difficile à classer, ce film aussi complexe dans son fond qu’attachant dans sa forme, s’enlise parfois dans sa quête de ton, en oscillant sans cesse entre drame et comédie, colère et absurdité.

Amande DionneEnvoyer un message au rédacteur

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