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L'HIVER DERNIER

Un film de John Shank

Monotone et plombant

À la mort de son père, Johan a hérité de la ferme familiale sur les hauteurs de l’Aubrac. Très respectueux du travail de ses ancêtres, le jeune homme se dévoue corps et âmes pour son exploitation, délaissant petit à petit sa copine et ses amis...

Témoin d’une agriculture minée par la mondialisation, Johan porte toute la misère du monde paysan sur ses épaules. Travailleur, solitaire, il est le digne héritier d’un savoir faire ancestral qui respecte la nature qui l’entoure. Très impliqué dans la vie coopérative de son hameau, Johan encourage les autres éleveurs à ne pas céder aux lois du marché malgré leurs difficultés financières.

Passionné par le sujet, John Shank s’applique à filmer Johan dans ses moindres gestes. Outre le prologue, qui explique en voix-off le poids des traditions de la terre, les dix premières minutes du film, retranscrivent sans aucun dialogue la routine de l’éleveur dans son étable et dans sa ferme. Le ton du film est donné : triste et soporifique.

Pour dénoncer le poids des valeurs et de l’héritage sur son personnage, le réalisateur accable Johan de problèmes, le retranchant petit à petit dans la dépression. Or à trop vouloir appuyer la détresse de son héros, il fait de lui un homme borné et froid qui n’inspire finalement que bien peu d’empathie. Au contraire, on se lasse de le voir obstiné dans ses principes, tournant le dos à sa copine (pourtant très conciliante) et à ce jeune voisin toujours prêt à l’aider.

Le drame paysan est une véritable ligne conductrice dans le travail de John Shank. Pour preuve, les sujets de ses précédents courts métrages : “Les mains froides” (un enfant découvre l’existence de la mort face à la dépouille d’un petit agneau) et “Un veau pleurait la nuit” (un jeune fermier se retrouve face à son père mourant). Une systématique décuplée dans ce premier long métrage “l’hiver dernier”, tant la mise en scène force le trait. Les musiques d’orgue ou d’accordéon plombent l’ambiance de leurs lugubres mélodies et les quelques anecdotes qui ponctuent le film sont tout aussi sinistres (l’un des paysans développe un cancer qui aura raison de lui...).

Le malheur pour le malheur finit par lasser et dessert considérablement le propos du film, qui vacille ainsi entre drame et documentaire sans réellement trouver d’équilibre. Seules les quelques très belles images de la campagne au travers des saisons évitent au spectateur de ne pas sombrer dans un ennui profond. “L’hiver dernier” est bien rude… trop rude !

Gaëlle BouchéEnvoyer un message au rédacteur

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