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L'ETRANGER EN MOI

Un film de Emily Atef

2ème avis - Haïr pour mieux se recontruire

A la suite de son accouchement, une femme voit son enfant refuser son sein. Elle éprouve elle-même un dégoût pour l'utilisation du tire lait. Peu à peu, entre pleurs incessants de l'enfant et gestes maladroits de sa part, elle en vient à faire un rejet de son propre enfant...

« L'étranger en moi » est un film sur le rejet de l'enfant. Forcément dur, le scénario adopte initialement une alternance entre moments d'intimité entre la jeune mère et son enfant, et errance de la même jeune femme dans des bois inquiétants. Cette première partie, oppressante, doit beaucoup à l'interprétation désemparée de Suzanne Wolff, qui sait distiller sa propre inquiétude à l'écran, aidée par des scènes filmées caméra à l'épaule et un vent sourd en fond sonore. Elle culminera lors d'une scène d'humiliation des plus efficaces, durant laquelle la jeune mère, ayant oublié son enfant à un arrêt de tramway, doit justifier de ses liens avec le bébé, sous les regards réprobateurs des passants.

Dans une seconde partie, la réalisatrice nous conte le début d'une reconstruction, que les proches n'auront de cesse de contrecarrer par une méfiance exacerbée. Subissant ainsi une sorte de double peine, la mère devra faire face à des beaux parents aigris, une belle soeur jalouse et un mari un peu déboussolé. Touchant, ce dernier a bien du mal à faire entendre le fait qu'il ne va bien, face à une femme autocentrée, trop préoccupée à résoudre ses propres peurs. Côté traitement, les morceaux de musique classique, joués au piano, attestent de l'apaisement en cours, seuls les silences, lorsque l'enfant est là, font encore douter d'un équilibre retrouvé. De quoi satisfaire les plus réticents des amoureux d'un cinéma exigent et physique, qui pèche juste un peu par manque d'originalité.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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