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L'ESPRIT SACRÉ

D’une séduisante étrangeté

Charo, mère de deux filles, profite d’une interview télé pour passer un message sur sa fille disparue, Vanesa. Sa petite sœur, Veronica est avec elle et porte les mêmes vêtements ainsi que le petit sac à dos de la disparue. De l’autre côté de la lucarne, José Manuel fait le ménage dans son bar, la télévision allumée sur les infos. Il rejoint son association de chasseurs d’Ovnis, préparant l’une de leurs sorties. Mais leur leader Julio meurt soudainement…

L'esprit sacré film movie

L’action de "L’esprit sacré" se déroule dans la ville d’Elche, dans la Communauté de Valence en Espagne, un peu dans les terres à proximité d’Alicante. Une très belle ville aux influences arabes, dotée de superbes palmeraies, mais dont on ne verra ici que des faubourgs quelconques, les alentours semi désertiques, et une humanité plongée dans une sorte d’étrange torpeur. Car de croyances il est ici question, de celles en l’existence de médiums (comme la mère de José Manuel, désormais en fauteuil roulant mais toujours capable d’intégrer l’esprit des disparus), mais aussi de celles en des enlèvements ou vaisseaux extra-terrestres que certains des membres de l’association « Ovni-Levante » vont chercher aux heures et moments les plus probables, c’est à dire entre minuit et trois heures du matin sur une route de campagne... un mercredi soir. L’humour de Chema Garcia Ibarra se fait donc discret et parcimonieux, mais il est particulièrement acide, critiquant par la démonstration l’absurdité d’une croyance globale en le surnaturel et le miracle, enseignée dès l’école en Espagne, comme le suggèrent les exposés des jeunes élèves dans la première scène.

Ainsi démarre ce métrage, d’abord centré sur la disparition d’une petite fille, Vanesa, puis sur le personnage de José Manuel et le mystérieux projet qu’il devait mener à bien avec Julio, le président de l’association, rapidement décédé, avant de revenir sur le destin de la victime, au travers du lien qui unit cet homme peu loquace avec la mère de Vanesa. Égrainant méticuleusement les détails révélateurs, Chema Garcia Ibarra compose une histoire qui fait progressivement froid dans le dos, combinant prédiction ou avertissement de la medium (la mystérieuse arrivée prochaine du Sphinx…), relations familiales en apparence banales et dessein associatif flirtant avec le sectaire. L’étrange s’immisce peu à peu dans ce séduisant long métrage, une balade dans la campagne semi désertique servant de bascule vers un récit beaucoup plus noir. Avec intelligence, le metteur en scène fait alors monter l’inquiétude, alors que José Manuel se fait dépasser par un groupe de randonneurs, le passage en caméra suggestive se faisant de manière inhabituelle, et la musique changeant tout à coup de nature, le synthétique (et donc non naturel) prenant alors le dessus. On ressort du film un peu secoué, mais convaincu que Chema Garcia Ibarra sera un cinéaste à suivre.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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