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L'ANNÉE DU REQUIN

Une soupe de poissons pas très fraîche

Alors qu’elle s’apprêtait à partir en retraite anticipée, une gendarme se voit offrir une dernière mission : gérer la présence d’un requin sur les côtes landaises…

L'année du requin film movie

Il est peu dire que les frères Boukherma se sont déjà fait une place atypique dans le paysage cinématographique hexagonal. Après le très remarqué "Willy 1er", les deux réalisateurs s’étaient attaqués à une figure mythologique généralement réservée aux productions américaines, le loup-garou. Mais tout le but de "Teddy" était d’inscrire ce monstre dans une ruralité bien de chez nous, jouant avec les codes du social à la française tout en respectant le genre. "L’Année du requin" poursuit ce travail en invitant le squale sur les côtes landaises, au moment précis où Maja, gendarme d’une petite station balnéaire, allait partir en retraite.

Dans cette œuvre où l’absurdité surgit autant du décalage des protagonistes avec toute norme établie que par le grotesque des situations capturées, le mélange des tonalités n’a pas la même saveur que dans les précédents métrages, le scenario semblant ne jamais réussir à convertir son postulat en une véritable structure filmique. Entre la parodie et l’hommage respectueux, cette comédie étonnement peu potache hésite trop, au point d’annihiler tous ses effets, humoristiques comme dramatiques lorsqu’elle lorgne du côté du polar psychologique.

Si l’extérieur (et la bande-annonce) nous promettait une joyeuse loufoquerie, avec des séquences barrées et des personnages en roue libre, la carcasse s’avère plus indigeste que prévue. En parlant de « roue libre », on préféra d’ailleurs le film éponyme avec également Marina Foïs, et toujours en salles. Quant à "L’Année du requin", si l’indigestion n’est pas totale, on regrettera que le pitch, aussi bon soit-il, n’aboutisse qu’à un vulgaire exercice de style redondant, dont l’objet semble plus être un jouet pour deux metteurs en scène talentueux qu’une velléité sincère de divertissement. Pas de panique ! Un faux pas arrive à tout le monde. Et avec une telle singularité, on attend de pied ferme la suite pour Ludovic et Zoran Boukherma.

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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