KOMPROMAT
De l’homme de lettres à l’homme d’action
Incarcéré sans explication dans une prison russe, Mathieu, intellectuel français vivant en Sibérie, ne peut compter que sur lui-même pour sortir de là. D’une remise en liberté sous condition à une évasion, il doit lutter contre cette machinerie infernale pour retrouver sa fille et sa liberté…
Film qui marque le retour de Jérôme Salle au cinéma après six ans d’absence, "Kompromat" ne perd pas de temps et prend son spectateur aux tripes dès les premières minutes. Commençant presque directement par l’arrestation de Mathieu, ce film raconte la descente aux enfers d’un homme innocent enfermé dans les prisons russes. Inspiré de l’histoire de Yoann Barbereau, il dénonce les kompromats, c’est-à-dire des faux documents compromettants créés par les services secrets russes dans le but d’incarcérer une personne donnée. À cause de ce système court-circuitant la justice et donc les institutions françaises comme l’ambassade, Mathieu se retrouve seul, puni à tort.
Les flashbacks jalonnant son périple en prison perdent encore plus le personnage (et le spectateur avec) sur les causes de son emprisonnement. Est-ce son rapprochement avec Svetlana qui en est la cause ? Sa femme a-t-elle vraiment porté plainte contre lui ? Est-il la victime des puissants ou celle de ses proches ? Tout est flou car l’accusation qui lui est adressée est aussi fausse que les documents qui l’inculpent. Le montage a parfaitement su mettre en exergue cette question.
Après "BAC Nord" et "Goliath", Gilles Lellouche s’affirme à nouveau dans le genre dramatique avec son jeu d’une grande justesse. Il porte le film à bout de bras durant deux heures, passant du désespoir à la survie. Il est accompagné par Joanna Kulig, brillante actrice de "Cold War", qui participe à donner au film son atmosphère sombre, presque de glace, s’opposant au caractère solaire du père de famille qu’était Mathieu.
Adam GrassotEnvoyer un message au rédacteur