KOMADA – A WHISKY FAMILY
Pur malt
Kotaro visite la distillerie Komada pour un projet d’article sur le whisky artisanal japonais. Dirigée par la jeune présidente Rui qui a repris l’affaire familiale, l’idée de reproduire son whisky signature, dénommé Koma, qu’elle a cessé de produire il y a des années. Entre des difficultés financières et d’autres problèmes, ressusciter le whisky perdu ne sera pas des plus aisé…
Intégré dans une anthologie de films d’animation centrés sur les métiers japonais, "Komada – A Whisky Family" se présentait a priori comme une approche documentaire sur la distillerie de whisky, pratique très emblématique de l’archipel nippon (souvenez-vous du whisky Santory de "Lost in translation" !). Or, à notre plus grande surprise, Masayuki Yoshihara s’est efforcé de ne pas laisser le vecteur fictionnel de côté et de profiter de ce contexte précis pour creuser des enjeux tout aussi emblématiques de la société japonaise, en l’occurrence la patience, la famille et l’amour du travail bien fait. Avec une quantité astronomique de détails, résultat d’un gros travail de recherche, le scénario restitue déjà en beauté tout ce qui caractérise la fabrique du whisky – dont il est précisé que certains peuvent nécessiter jusqu’à cinquante ans de distillation – et couple cette matière avec les composantes d’une pure saga familiale, avec ce que cela suppose d’héritages, de trahisons, de liens fragiles ou rompus, d’efforts douloureux et de secrets de famille qui illuminent ou assombrissent le futur.
En l’état, le film contient déjà assez de matière pour captiver pendant 1h30, la curiosité du point de vue du réalisateur – ici relayée par celle des personnages – suffisant à dynamiser la narration et à faire battre en retraite le trop-plein de fibre documentaire. C’est pourtant au travers de la fiction évoquée ci-dessus que les enjeux se précisent, que les caractères se creusent et se dessinent avec beaucoup de subtilité (il est rare de voir une telle bienveillance envers les personnages dans un film d’animation), et surtout que l’émotion finit par affleurer de ce qui demeure malgré tout ancré dans le quotidien le plus prosaïque et le plus concret. En amorce de la projection de cette superbe surprise en section Contrechamp du festival d’Annecy, le réalisateur déclarait souhaiter que le film donne envie au spectateur d’aller boire un whisky en sortie de projo. Il ne mentait pas.
Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur