KIND HEARTS
Lenteur d’une inéluctable séparation
Lucas et Billie ont 18 ans. Ils ont toujours été en couple, aussi loin qu’ils se souviennent. Mais le passage du lycée à l’université pourrait bien tout changer. D’autant que quand Billie demande à Lucas s’il ne veut pas emménager avec elle, celui-ci répond qu’il préfère vivre avec ses potes, histoire qu’ils ne soient pas 24 heures sur 24 ensemble…
Le film s’ouvre sur une scène de fête foraine, faisant flotter dans les airs différents personnages, couples, parent avec enfant, tous suspendus dans des nacelles de balançoire, dans un manège qui les amène de plus en plus haut, autour des lumières nocturnes et chaudes de la ville. Constituant une jolie parabole d’un moment à part dans la vie d’un jeune couple jusque là heureux, mais confronté à un soudain flottement, alors que tous deux s’apprêtent à passer du lycée à la Fac. Lucas va décider d’emménager avec ses amis, afin qu’ils ne soient pas 24 heures sur 24 ensemble. Billie est d’abord dépitée par cette décision, avant de se dire qu’elle s’y attendait et que leur couple survivra à leurs trajectoires étudiantes différentes.
Dans ce documentaire-fiction flamand, ce sont non seulement les moments où le couple se retrouve (restaurant, soirées…) mais aussi les confidences que chacun fait à ses amis, qui intéressent Olivia Rochette et Gerard-Jan Claes. Progressivement, derrière les faux semblants, les discussions sans âmes via les réseaux sociaux ou les échanges par visio, c’est le désenchantement et la désillusion qui se dessine. Quand l’un vit s’est passions, mixant pour une copine chanteuse, l’autre avoue elle même qu’elle « ne sait plus être seule ». Magnifiant par l’utilisation d’ambiances colorées (rouge pour l’entrée, vert pour la salle…) les moments où la musique semble les unir, mais où le lieu les sépare (lui sur la scène, elle en spectatrice dans la fosse), les metteur en scène filment la lente déliquescence d’une première relation amoureuse, se transformant en autre chose. Un film forcément réaliste, qui montre de manière indirecte des visions masculine et féminine du couple, à l’âge de l’exploration et de la découverte. Troublant mais forcément peu joyeux.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur