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KINA ET YUK : RENARDS DE LA BANQUISE

Des images stupéfiantes pour un récit dont l’animal est le héros

Kina et Yuk sont deux renards polaires. Leur vie est faite de jeux et de chasse, Yuk devant assurer la nourriture pour le couple, alors que Kina, enceinte, va bientôt donner naissance à des petits. Mais dans le Grand Nord canadien, entre la neige et la banquise, les dangers sont multiples. Alors qu’il est parti chasser, Yuk se trouve pris au piège d’une fonte précoce des glaces, dérivant sur un petit Iceberg. Se retrouvant seule, Kina décide d’abandonner leur terrier afin de trouver de la nourriture. Elle croise alors le chemin d’un homme avec son traîneau, tiré par des chiens…

Ce qui impressionne avec "Kina et Yuk", qui n'est pas vraiment un documentaire, puisqu’il relate les aventures de deux renards polaires, séparés par un hasard qui doit beaucoup à l’Homme, c’est la proximité des plans avec les animaux. Saisissant dès les premières minutes leur intimité dans leur propre terriers, Guillaume Maidatchevsky est expérimenté, puisque biologiste de formation et déjà auteur de "Aïlo : Une Odyssée en Laponie" et "Mon Chat et moi". Ici, il a une nouvelle fois filmé au plus près des animaux, ceci grâce à ce qu'il appelle un cercle de confiance formé autour de ceux-ci, qui se distend plus ou moins selon leurs humeurs et comportements, et à l'usage de stimuli pour l'action, prévue dans le détail plan par plan au travers du story-board initial. Un travail qui a bien entendu obligé à une multitude d'adaptations au fil d'un récit d'aventure particulièrement immersif.

"Kina et Yuk" a été tourné dans le Yukon, dans le Grand Nord canadien, à proximité de Dawson City (rebaptisée ici Jack City) et il s'inspire pour une partie de l'intrigue du sauvetage d'un renard polaire par des pêcheurs. Le tournage du film a duré près de 4 mois, entre la fin de l'hiver et le printemps 2023, avec des scènes de nuit par jusqu'à moins 40 degrés. Après l'installation de la complicité du couple de protagonistes, l'auteur a finalement choisi d'alterner les histoires de l'un puis de l'autre, suivant ainsi beaucoup plus longtemps la blanche Kina que Yuk à la tête de suie, plutôt que de déployer deux récits en parallèle. Un choix qui s’avère sans doute judicieux par rapport au jeune public, principalement visé.

Ce choix permet intelligemment de creuser à chaque rencontre, les comportements des différentes espèces, avec un vrai regard pédagogique, qu'elles soient rivales (hermines pour les rongeurs, martres pour les œufs...) ou prédateurs (meute de loups, chiens, renards roux...). Le scénario crée aussi des liens inattendus entre la renarde et un autre personnage, une fois celle-ci réfugiée dans la ville enneigée, générant ainsi d'autant plus d'empathie de la part du spectateur. En résulte un très joli conte sur l'instinct de survie, avec un sous-message écolo, concernant notamment les conséquences du réchauffement climatique et de la présence humaine. Un récit plein de suspense et d'émotion, qui marque aussi par sa douceur, due tout autant à la voix de la conteuse, Virginie Efira, qu'au comportement des atendrissants renards.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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