KILLING FIELDS
Un petit polar que l’on croirait sorti de la télévision
Soutenue par papa, la fille de Michael Mann, décide visiblement de suivre les pas de son père en prenant ce véritable bayou où une quarantaine de cadavres ont été retrouvés. Bien que les faits aient avéré qu’il s’agissait de l’œuvre de plusieurs meurtriers, les scénaristes de « Killing fields » (Ferrarone et Mann) ont choisi, pour des raisons de simplicité, de les attribuer à un unique tueur en série. Et heureusement pour le pauvre spectateur car l’histoire est assez difficile à suivre avec un seul psychopathe !
Hormis un casting, très alléchant sur l’affiche, qui ne tient absolument pas ses promesses, le plus gros problème de « Killing fields », c’est son aspect fouillis. Ami Canaan Mann, s’attache à une foule de personnages qu’il est parfois difficile d’identifier. Entre les potentiels tueurs, tous plus louches les uns que les autres, du punk tatoué aux allures de tête brûlée à l’ouvrier protégeant la petite que l'un des deux flics de l’affaire prend sous son aile, la réalisatrice perd notre attention à cause de sous-intrigues et de scènes de disputes sans intérêts entre le sanguin du tandem policier et son ex-femme, détective d’un autre comté. En plus de son absence évidente de structure, l’ambiance oppressante que la fille Mann aurait pu tirer de ce décor de bayou infesté de cadavres plus ou moins décomposés, ne fonctionne que de façon sporadique. Et le film s'avère à peine plus excitant qu’un épisode des « Experts »…
Sans originalité, « Killing fields » n’évite pas tous les poncifs du genre avec un tueur en série qui nargue la police, une petite course poursuite à pied héritée directement de « Seven » , un duo de flic avec un jeune nerveux et un vieux plus posé et réfléchi qui rappelle une nouvelle fois le polar de Fincher. Pas de quoi s’extasier devant un film reprenant les points forts d’une référence de plus de quinze ans, déjà des dizaines de fois plagiée, sans qu’aucun de ses ersatz ne parvienne à l’égaler. Le seul élément qui aurait pu rendre ce « Killing fields » intéressant est son environnement texan, le distinguant des habituels polars urbains. Hélas, là encore, la caricature prend le pas sur l’atmosphère poisseuse qu’aurait pu en tirer Ami Canaan Mann. Les acteurs s’en tiennent à imiter un accent texan jusqu’à en devenir incompréhensibles (mention spéciale à Sam Worthington). Autant se faire une soirée devant « Dans la brume électrique » qui, sans être extraordinaire, parvenait à capitaliser sur l’ambiance des bayous de Louisiane, bien plus intéressante et oppressante.
Alexandre RomanazziEnvoyer un message au rédacteur