KILL YOUR DARLINGS
Poètes perturbateurs et perturbés dans un film laborieux
Présenté dans le cadre des Journées des auteurs du Festival de Venise 2013, "Kill Your Darlings" était sans nul doute l'un des événements de la quinzaine. Ceci d'autant plus que Daniel Radcliffe (Harry Potter en personne) avait fait le déplacement pour défendre ce portrait d'un groupe d'étudiants de la Columbia University, tous voués à devenir des références dans la littérature américaine. Ils seront plus tard connus comme la Beat Generation, regroupant Allen Ginsberg, William Burroughs, Lucien Carr, et Jack Kerouac...
Posant le décors d'un système éducatif des plus strictes, l'auteur décrit certes un groupe de marginaux forcément contestataires, et peu enclins à respecter un quelconque règlement ou à écrire ce que l'on attend d'eux, qui trouvent dans la musique Jazz et diverses substances, un échappatoire nécessaire à leurs inspirations personnelles et littéraires. Mais plus qu'au processus de la création, le scénario s'intéressera plutôt aux débordements de jeunesse de cet étrange groupe, s'attardant sur les pulsions et les amours contrariés ou à part de ces hommes en devenir, toujours sous la coupe de parents dont ils dépendent souvent financièrement.
Il s'intéressera particulièrement à une histoire d'amour à trois, entre inspiration et destruction, et à la manière dont certains êtres brillants sont capables de se consumer d'eux-mêmes. Décrivant l'indépendance farouche de certains, qui ne sont « faits que pour les débuts » ou qui ne veulent que leur vie « ne soit faite que de premières fois », le récit aborde la cruauté avec une certaine acuité. Cependant, la mise en scène s'égare dans ses tentatives de retranscription de diverses hallucinations ou de l'hyperactivité. Portrait d'une jeunesse turbulente et perturbée, "Kill Your Darlings" se construit en forme de boucle temporelle, qui certes parviendra malgré tout à émouvoir sur la fin, mais qui ne laisse que peu pénétrer dans un univers codifié, où la domination intellectuelle comme sentimentale est de mise.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur