KILL THE HABIT
Une comédie doucement irréaliste pour un remarquable trio d'actrices
« Kill the habit » démarre comme un thriller, mettant son héroïne, Galia, face à un choix décisif : laisser son dealer avoir l'ascendant sur elle ou répliquer. Elle choisira de se saisir d'une pierre posée sur un socle (un bout du mur de Berlin, source d'une belle parabole pour une cliente qui s'émancipe de son fournisseur...) pour le frapper à la tête. Mais elle n'avait pas compté sur trois facteurs décisifs : les trois crétins qui s'adonnent au skate-board sur le palier de l'immeuble et qui pourraient être de potentiels témoins, les clients qui commencent à défiler et ne doivent se douter de rien, et surtout, la femme du dealer, Cardamosa, totalement shootée, dormant dans la chambre, mais qui pourrait bien se réveiller. La voilà donc coincée à l'intérieur de l'appartement, situation posée en quelques scènes par une scénariste prometteuse, qui n'est autre que la réalisatrice elle-même, Laura Neri. Et la comédie peut commencer.
À la situation de départ vient rapidement s'ajouter un troisième personnage féminin, la meilleure amie de Galia, Sotiria, lesbienne affirmée, utilisée ici comme voix de la conscience ou de la sagesse. Cardamosa, elle aussi, prendra de l'importance au fil du récit, comme élément pragmatique. Le trio d'actrices fonctionne à merveille. La première, Lili Mirojnick, est parfaitement crédible en fausse dealer, pète-sec, autoritaire et pleine de sang froid. La seconde, Maria-Elena Laas passe du légume au dynamisme le plus impressionnant, et deviendra moteur d'un trio un peu paumé dans ses opportunités d'action. Enfin, la troisième, Katarina Moutsatsou, un cran en dessous des deux autres, introduit une dimension d’ambiguïté pas très utile, mais ajoute au comique par ses principes très arrêtés (elle veut bien prêter sa voiture, à condition qu'elle reste une « drug free car »).
Côté scénario, pas de doute, Laura Neri sait créer une tension moteur à la fois du thriller et de la comédie. Outre le fait de bloquer ses personnages de toutes parts en mettant en face des personnages étant tous de potentiels dangers, elle joue la montre, en incluant deux échéances importantes : le paiement de la caution, qui doit se faire avant les quinze heures, sous peine de voir le frère passer tout le week-end en taule, et le repas-circoncision chez la mère juive auquel on ne peut décemment échapper à seize heures. Deux éléments qui vont conduire à quelques situations certes peu crédibles, une fois les trois femmes sorties de l'appartement, mais qui s'avèrent de redoutables sources de rebondissements et ressorts de comédie. De quoi maintenir un suspense efficace, ce jusqu'au final rocambolesque de cette remarquable comédie.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur