KILL ME PLEASE
Digne héritage de « C’est arrivé près de chez vous »
Une bande d’illuminés se rend dans un manoir pour qu’on lui serve la mort sur un plateau d’argent avec champagne et filles dénudées en prime ! Tel est le point de départ du nouveau film de Olias Barco, jeune réalisateur Français, qui après s’être distingué avec ses courts métrages trash était passé au long foireux - « Snowboarder » - dont il ne veut lui-même plus entendre parler ! Avec « Kill me please », il revient à ses premières amours : l’humour noir, grinçant, cynique, décalé et second degré. Une réussite qui lui a valu le Prix du Meilleur film au dernier festival de Rome.
Olias Barco, réalisateur et scénariste, imagine une société dans laquelle une clinique du suicide aide ses patients à atteindre la mort en toute légalité. Cette production belge, digne héritière du film de Rémy Belvaux « C’est arrivé près de chez vous » (et pas juste parce que les deux films sont en noir et blanc), nous mène de surprise en surprise.
La première partie présente la clinique et son docteur en chef, campé par l’impeccable Aurélien Recoing (« L’emploi du temps » de Laurent Cantet). Il est à la fois celui qui donne le médicament fatal et celui qui gère l’établissement, les patients, le personnel de la clinique et tous les autres petits aléas qui pourraient survenir (comme un cadavre sur les bras qui n’est pas répertorié dans les registres par exemple !). Le film s’ouvre avec le génial Benoît Poelvoorde qui se dit atteint d’un cancer généralisé et que seule la mort parviendra à soulager. Un patient qui a fait rire les infirmières de la clinique. Alors le docteur prévient : « La compassion oui, les liens d’amitié non » !
Car on ne rigole pas vraiment au début du film. Le ton du docteur en chef est sérieux et la mise en situation de cet institut perdu dans le plat pays enneigé, faisant largement référence à « Shining », inspire d’abord l’effroi, d’autant que le sang vient à couler à flot assez rapidement…
Puis, le ton du film bascule quelque peu, avec la série de portraits des patients crétins que tire Olias Barco dans la deuxième partie du film : la star has been odieuse, la chanteuse qui a perdu sa voix et donc sa raison d’être, l’homme qui a perdu sa femme en la jouant poker, le puceau de 40 ans qui a perdu sa môman, etc. Les comédiens, Bouli Lanners, Daniel Cohen et Virgile Bramly en tête, font des merveilles en incarnant des loosers, des lâches, voire même des psychopathes.
La dernière partie du film vire au cauchemar pour les occupants de la clinique, quand la mort vient les cueillir. Le réalisateur termine ainsi son film dans un bain d’ironie, de cynisme et de folie. On pourra seulement regretter qu’il manque un point de vue : celui de l’Eglise pour qui le suicide est un acte condamnable. Un curé au milieu de cette bande de cinglés aurait certainement apporté plus d’humour noir que le personnage un peu trop mou de Virginie Efira en inspectrice des finances… même si la surprise de la retrouver dans une petite production belge (elle-même est née à Bruxelles) fait plaisir à voir.
Mathieu PayanEnvoyer un message au rédacteur