LE JOUR OÙ J'AI RENCONTRÉ MA MÈRE
Une mère instable comme modèle
Placé dans un foyer pour enfants, Lu est heureuse car sa mère va venir la voir demain, à 10h. Mais le jour dit, sa mère ne se présente pas, faisant retomber l’enthousiasme dans une éternelle attente, pleine de doute. Pourtant, le lendemain, Karina se présente devant la maison, avec une voiture bleue, et embarque celle qu’elle surnomme Kiddo, pour une virée…
"Kiddo" se présente comme un road movie entre les Pays-Bas et la Pologne, où se trouve la maison de Ludmila, la grand mère de Lu. Annonçant peu après leur départ quelle n’a pas l’intention de ramener Lu, Karina, qui s’amuse du fait qu’il s’agit là potentiellement d’un kidnapping, embarque celle-ci dans son univers de faux semblants, ou jouer un rôle vaut mieux que la réalité miséreuse de la vie. Dès le premier des 6 chapitres qui composent le métrage, on dispose d’ailleurs de quelques éléments sur la vie rêvée de cette femme, prétendument cascadeuse, mais qui se mélangent avec l’imagination fertile de la petite, qui est persuadée qu’elles communiquent toutes deux via les étoiles.
Cette imagination est d’ailleurs ponctuellement mise en images, au travers de photos, dessins ou extraits de films, comme avec un visuel de robot lorsque la mère se met à prendre des pilules... Se surnommant Bonnie and Clyde, ces Thelma et Louise de l’Est, se retrouvent aussi dans des décors qui évoquent les étendues désertiques américaines, la photo sublimant parfois le sordide des lieux (le plan magnifique à dominantes de gris et touches de rouges, avec un banc délabré...). Mais c’est dans le lien entre les deux personnages et le basculement de l’admiration inconditionnelle de la fille vers des perspectives plus constructives, que le scénario parvient à toucher, offrant enfin des perspectives plus stables à cette petite fille de 11 ans.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur