JUSTE LA FIN DU MONDE
Une vraie grosse déception pour un incompréhensible grand prix
Que Xavier Dolan soit enfin reconnu à la hauteur de son talent est la moindre des choses. Mais qu'il soit oublié à Venise pour le palpitant et hitchcockien "Tom à la ferme", pour finalement obtenir le grand prix au Festival de Cannes avec le moins bon de tous ses films, en est une autre. Car il faut bien avouer que l'adaptation d'une nouvelle pièce (signée ici de Jean-Luc Lagarce en 1990) que constitue "Juste la fin du monde", souffre de nombreux défauts, de rythme, de frénésie inutile, étouffant presque toute émotion, dans ce qui aurait dû ressembler à un grand cri de souffrance. Et qui s'apparente finalement plus à une pénible agonie.
Comme à son habitude, Xavier Dolan jette le spectateur au sein des conflits internes d'une famille au lourd passif de non-dits et de liens aussi forts de distendus (c'était déjà le cas dans "J'ai tué ma mère" et "Mommy"). Malheureusement, à la mise en place des premières scènes, alternant de magnifiques gros plans dans un jeu de ping-pong entre les 5 personnages principaux, succède une flopée de scènes hystériques où la colère et l'incompréhension longtemps rentrées ne trouvent ici échos qu'en de vains règlements de comptes,et ou l'impossibilité de communiquer rime avec agressivité. Et la suite du long métrage est bien laborieuse, n'apportant ni la tension espérée, ni l'émotion escomptée.
Côté casting, la tentative de montée en gamme au niveau international, avec l'emploi d'interprètes français de renom était certes louable, mais provoque un résultat au final très inégal. Nathalie Baye fait du Anne Dorval tout au long du film (et on ne comprend pas bien pourquoi le cinéaste n'a du coup pas repris son actrice fétiche), quant à Léa Seydoux, elle arrive à trouver une certaine justesse dans son rôle de petite sœur au sentiment d'abandon exacerbé. Mais l'erreur de casting ou de direction d'acteur se cherche d'évidence autour de Vincent Cassel, qui dans le rôle du frère à la fois jaloux et sur la défensive, irrite rapidement par son surjeu permanent. Il arrive même à gâcher l'une des scènes clés du film (dans la voiture), faisant carrément frôler le ridicule à toute la fin du film.
Heureusement, la sobriété et les subtiles jeux de regards entre Gaspard Ulliel et Marion Cotillard sauvent les meubles in-extremis. Au final, "Juste la fin du monde" a donc le défaut de ses intentions, poser à fleur de pellicule les sentiments exacerbés par la distance et la séparation, et ne parvient malheureusement à émouvoir qu'en de rares instants, son metteur en scène semblant confondre hystérie et profondeur des liens.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteurCOMMENTAIRES
Val
mercredi 10 juillet - 6h16
Tout à fait d'accord avec cette critique. Le film est d'un ennui sans nom. Discussions en demi-teinte sans interet, des non dits qui n'apportent rien à l'histoire, dialogues creux, discussions vagues et crises d'hysterie sans aucun sens. On reste sur sa "fin" ....