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JUSQU'AU BOUT DU MONDE

Un film de Viggo Mortensen

Un western multiculturel

Vivienne et Olsen se rencontrent à San Francisco dans les années 1850. Rapidement Vivienne décide de l’accompagner dans le Nevada où Olsen établit sa modeste demeure. Ils coulent ensemble le parfait amour, mais quand la guerre civile éclate Olsen part pour défendre son pays…

Voici encore un film sur l’esprit pionnier et la conquête de l’Ouest, moment fondateur de l’histoire des États-Unis. Mais heureusement, cette histoire est riche et sujette à interprétation, ce qui nous permet de découvrir des films variés, bien que traitant du même sujet. Et pour Viggo Mortensen les États-Unis actuels sont le fruit d’un métissage commencé de longue date, bien avant même la grande époque de la conquête de l’Ouest.

Vivienne Le Coucy est une américaine d’origine française, nous rappelant ainsi que la Louisiane française fut vendue aux États-Unis à peine un demi-siècle avant le déroulement de cette histoire. Même si cela n’est pas précisé, les parents de Vivienne sont certainement nés français, en Amérique. Holger Olsen (il préfère qu’on l’appelle Olsen) est né au Danemark, pays pour lequel il s’est battu pendant la guerre. Il n’est rentré chez lui que pour découvrir que sa femme était partie. N’ayant plus rien qui le retenait il a tenté l’aventure américaine, comme beaucoup d’européens de son époque. N’oublions pas le personnage de Claudio, le pianiste mexicain, personnage certes très secondaire, mais qui va dans le sens de cette vision qui met l’accent sur la mixité culturelle. En effet le Nevada, la Californie, et d’autres États du sud-ouest furent des colonies espagnoles.

Mais tout ceci n’est qu’une toile de fond. Le véritable sujet est celui de la survie dans l’extrême violence de cette société américaine du 19e siècle, sujet infiniment plus classique pour un western. Et c’est bien là que réside la principale faiblesse de la seconde réalisation de Viggo Mortensen (après "Falling" en 2020) : on a l’impression d’avoir déjà vu ça quelque part. Tout y est, de la justice expéditive au maire corrompu, en passant par le grand propriétaire ambitieux prêt à tout pour arriver à ses fins et affublé de son fils pourri gâté qui fait office de mal incarné. La recette est bien rodée et efficace, mais ne permet guère plus que de maintenir le spectateur en éveil.

Une certaine maîtrise de la mise en scène, un propos intéressant sur le mélange des cultures et un jeu d’acteurs impérial, avec comme toujours Vicky Krieps qui brille par la simplicité mais aussi la sincérité de ses émotions. Le tout au service d’une intrigue peu originale et qui ronronne par moment. Du bon et du moins bon donc. Étant donné le capital sympathie qu’a su engendrer Viggo Mortensen au fil des années, on préférera retenir le meilleur.

Benjamin BidoletEnvoyer un message au rédacteur

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