JURASSIC WORLD : FALLEN KINGDOM
Renaissance d’une franchise
Alors que le volcan de l’Isla Nublar menace d’exploser et de causer une nouvelle extinction des dinosaures, Claire, trois ans après la catastrophe ayant vu la fin du parc d’attraction Jurassic World, continue de faire du lobbying pour sauver ces espèces. Mais face au refus des autorités de s’impliquer, elle décide d’accepter l’offre de la fondation Lockwood et d’assurer en secret le transfert d’au moins 11 espèces dans une île sanctuaire. Elle convainc Owen, son ex et éleveur de Blue, la plus intelligente des créatures, de participer à l’opération…
On croyait la franchise "Jurassic Park" définitivement dévoyée, après le catastrophique premier épisode de "Jurassic World", objet superficiel et stéréotypé s’il en est. C’était sans compter sur le talent du brillant Juan Antonio Bayona, auteur espagnol des géniaux "The Impossible" et "Quelques minutes après minuit", qui s’empare ici des codes du genre pour le muer vers un véritable film d’angoisse provoquant de multiples sursauts, tout en redonnant au passage un peu d’épaisseur à des personnages qui en étaient passablement dépourvus dans le précédent opus.
Étonnement, on s’attache donc au duo formé par Bryce Dallas Howard et Chris Pratt, qui jouent au chat et à la souris niveau sentiments, l’acteur notamment, s’adonnant ponctuellement à un numéro fantaisiste très proche de celui de son personnage de Star Lord dans "Les Gardiens de la galaxie". Le début du film est un modèle d’usage de la suggestion, utilisant obscures eaux troubles, nuit, tempête, éclairs, mouvements de projecteurs, pour suggérer la présence des imposantes bestioles, plus que les montrer, créant ainsi une ambiance délicieusement anxiogène. Puis Juan Antonio Bayona multiplie les scènes de suspense et d’actions ainsi que les morceaux de bravoure, se servant de tunnels, échelles, tuyauteries, éruption, lave, nuées ardentes, tout en faisant au passage de nombreux clins d’œil aux épisodes précédents, notamment au travers de la mise en valeur des épaves des véhicules qui permettaient de visiter les deux parcs.
Interrogeant plus que jamais sur les impacts de l’expérimentation génétique, le scénario divise le récit en deux parties clairement distinctes et réserve de nombreux rebondissements. Il s’amuse même à créer un jeu de miroir entre le regard même du spectateur et l’action qui a lieu à l’écran (Pratt qui protège la petite fille de Lockwood, les deux assistant, fascinés, à l’affrontement entre deux dinos), et transformant presque certaines des bestioles en créatures de conte maléfique (la scène où la petite fille, cachée dans son lit, voit un dinosaure s’introduire par la fenêtre et frapper au sol de ses griffes, tel un visiteur joueur faisant « toc toc »). Invitant au passage certains de ses interprètes fétiches (la toujours fascinante Geraldine Chaplin, qui était dans chacun de ses films), Juan Antonio Bayona s’offre même le luxe d’une fin à l’ironie toute particulière. En bref, pour une fois, on en redemande.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur