LA JUNGLE
Bien pensant
Un fils à papa ayant abandonné ses études d’avocat propose à son colocataire de squatter dans l’appartement de son père en attendant de trouver un boulot. Mais le père en question rentre en avance de congés, et en guise de punition l’oblige à accepter un pari: survivre dans Paris pendant une semaine avec seulement 7 euros en poche…
Que dire de cette comédie à la fois parisienne et bobo qu'est "La Jungle"? Que son postulat de départ est assez déroutant, mais qu'une fois lâchés dans les rues, nos deux zigotos, culottés et profiteurs, deviennent bien moins sympathiques que le scénariste semblait l'espérer. Que sa conclusion misant tout sur l'amitié, la vraie, paraît à la fois hypocrite et insupportablement bien pensante. Ou encore que son traitement passe finalement en grande partie à côté d'un sujet, la pauvreté et la débrouille, en se concentrant uniquement sur les affres relationnels de ces deux enfants gâtés qui ne semblent rien connaître de la vraie vie.
Car en effet, loin de s'intéresser aux autres, le scénariste centre son récit sur les déboires amicaux de ses personnages, que personne ne veut aider. Et comble de l'hypocrisie, il arrive quasiment à les maintenir dans leur propre microcosme bourgeois durant tout le récit, en les amenant "au bout du rouleau" en à peine trois jours, et en éludant toute la dernière partie. On se dit qu'au fond tout cela a été écrit par des gens qui n'ont rien à foutre de la rue, pour d'autres qui n'en pensent pas moins. Reste que les personnages secondaires sont plutôt amusants (comme l'ex, peintre dépressive) et que les deux acteurs principaux (dont Patrick Mille alias "Chico" sur Canal plus ou dans des pubs pour téléphone mobile), s'en tirent avec les honneurs.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur