JUN, LA VOIX DU CŒUR
De jolies paraboles
Une jeune écolière est fascinée par le château hôtel, aujourd’hui en ruine, situé au sommet de la colline surplombant son village. Jadis elle en a vu sortir son père, au bras d’une autre femme, et, l’ayant dit à sa mère, croit avoir provoqué leur séparation. Se sentant coupable, elle n’arrive pas à se défaire de sa malédiction de pipelette et ne parvient plus à parler. Jusqu’au jour où arrive en classe un mystérieux garçon…
Assumant pleinement le mélodrame, "Jun, la voix du coeur" dispose d'un graphisme 2D classique pour un film d'animation japonais, et d'une histoire propre à faire verser quelques larmes. Si le scénario semble s'orienter au départ vers le fantastique, c'est pour mieux créer une double parabole autour de la culpabilité ressentie par le personnage principal, les manifestations oniriques symbolisant celle-ci et par voie de conséquence le mutisme qu'elle s'impose. Si l'on n’avait peut-être pas besoin de certaines explications sur la fin, le scénario n'en reste pas moins séduisant, dans ses ressorts comme au travers des personnages décrits.
Les apparitions de l'esprit contrastent à merveille avec la représentation réaliste d'une classe de collège japonais, et le scénario raconte ainsi de manière légèrement décalée les préoccupations adolescentes : premiers émois, rivalités amoureuses, relation à sa famille, affirmation de soi... La direction artistique du film est assurée par Takashi Nakamura (auteur de "Colorful"), donnant au Love Hotel que constitue le « château » un aspect presque surréaliste. Et le final du film, s'il est attendu et un peu prévisible, a le mérite de ne pas être tout rose.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur