JUAN OF THE DEAD
Le Shaun du pauvre
Pas de doute qu’avec son succès planétaire sur la planète cinéphilo-geek, « Shaun Of The Dead » de l’anglais Edgar Wright allait créer des émules se propageant aussi rapidement que les victimes d’une invasion de zombies. Certains producteurs, aussi assoiffés de dollars, que ces monstres le sont de sang, sont parfois aussi peu inspirés que les créatures en questions.
Des défauts, « Juan Of The Dead » en compte des dizaines. Alors que sur le papier l’idée de mêler une invasion zombie (sur fond métaphorique d’une propagation américaine au pays du communisme) à une entreprise « à la » Ghostbusters est excellente, la réalisation vient tout plomber. Peu inspirée, maladroite, parfois d’un amateurisme certain, elle fait que la plupart des gags tombent à plat et ne font pas rire dès qu’ils sont à l’image, et que de bonnes idées (un gros costaud black ne supportant pas la vue du sang, obligé de se bander les yeux pendant tout le film) sont souvent mal exploitées.
Avec ses personnages mal écrits (Juan est un loser, mais un tombeur de femmes) au charisme proche de celui d’un verre de Mojito local (on se s’attache à aucun d’entre eux), certains gags absolument déplacés dans cet univers (le sidekick qui habillé d’un short laisse dépasser ses testicules a sa place dans un « Scary Movie », mais pas ici) l’ensemble manque terriblement d’intérêt. Mais la sincérité derrière l’ouvrage est à toute épreuve. Le résultat est touchant (on voit que toute l’équipe a donné tout ce qu’elle pouvait, aussi bien devant que derrière la caméra) et pas du tout à l’image du titre opportuniste (et prétentieux au vu du résultat) dont est affublé le métrage.
Les zombies créés par Romero étaient une satire de la vie américaine et du consumérisme. Cuba était donc le lieu parfait pour les envoyer se faire détruire. Mais connaître ses classiques n’a jamais été suffisant pour faire un bon film. Comme le dit l’adage, un bon réalisateur peur faire des merveilles avec un mauvais script, alors qu’avec un bon script un mauvais ne fera rien de merveilleux. « Juan » en est bien la preuve.
François ReyEnvoyer un message au rédacteur