Festival Que du feu 2024 encart

JOYLAND

Un film de Saim Sadiq

Aimer, c’est monter si haut

Haider vit dans la même demeure que son père et son frère, ainsi que toute la famille de ce dernier. Il ne travaille pas, ne rapporte pas d’argent à la maison. Poussé par l’insistance du patriarche, il trouve finalement un job dans un cabaret, un univers qui va venir bousculer toutes ses certitudes…

Joyland film movie

Joyland est le nom d’un parc d’attractions de Lahore, la deuxième ville du Pakistan, notamment connue pour ses productions de films (Lollywood, c’est là-bas !). C’est aussi un surnom qu’on pourrait donner au cabaret dans lequel Haider va trouver refuge, tant celui-ci semble respirer à nouveau au cœur de ces murs colorés. Pourtant, rien ne le prédestinait un jour à franchir les portes d’un tel établissement, lui qui vit dans le foyer familial, sous la coupe d’un patriarche épuisé de voir son fils ne pas être un « vrai homme », un de ceux qui ramènent de l’argent à la maison, qui égorgent des chèvres et qui font des enfants. Haider, lui, ne travaillait pas, comblé de voir sa femme avoir un job. Mais dans cette société patriarcale, ses convictions passent pour de la fainéantise, voire pire, une faute. Alors, il va faire ce qu’on attend de lui, et devenir le gérant de ce dancing. Enfin, c’est ce qu’il raconte. Car, dans les faits, il a été recruté comme simple danseur.

Élégant et gracieux, le premier long métrage de Saim Sadiq, récompensé par le Prix du Jury au Certain Regard du dernier Festival de Cannes, est une histoire d’amour aussi simple qu’éminemment politique. Dans un pays où l’adultère est un crime lorsqu’il est commis par une femme, tout récit en dehors du dogme domestique est un acte militant en soi, d’autant plus lorsqu’il invite à évoquer le sujet ô combien tabou de la transidentité. Pourtant, le film ne tergiverse pas, ose montrer la banalité d’une relation sentimentale qui défie les mœurs locales sans ériger son propos en un pamphlet. Au contraire, ce qui intéresse avant tout le réalisateur, ce sont ses personnages, dressant un portrait sublime d’êtres dont la passion les pousse à agir au-delà des diktats. Dans la pénombre des nuits pakistanaises, lorsque les lumières fastueuses des lieux de festivités s’éteignent, il ne reste plus que les individus, complexes et nuancés, chacun trouvant sa place dans une intrigue millimétrée. Une œuvre à ne pas rater !

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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