Festival Que du feu 2024 encart

JOUJ

Un film de Rabii Chajid

Quelques atouts sympathie

Halim et Mounir sont deux jeunes frères marocains, aussi crédules et rêveurs, que médiocres niveau chanson, qui s’imaginent pourtant entourés de fans. Mais alors que le patron du club dans lequel ils se produisent trouve une nouvelle excuse pour ne pas les payer, ils achètent une veste bariolée à un SDF et tombent alors accidentellement sur un étrange livre, resté dans une des poches. Il s’agit en fait d’un livre magique, qui a le pouvoir d’exaucer tout vœux que l’on écrirait dedans, celui-ci devenant permanent s’il n’est pas effacé sous 7 jours. Après divers déboires, Halim écrit dans le livre, qu’il souhaiterait que tous les hommes sur terre disparaissent, sauf eux…

Il y a dans "Jouj", qui signifie « 2 » en arabe, plusieurs choses qui attirent la sympathie. D’abord une idée de départ tout juste géniale, consistant à faire de deux souffre douleur des Hommes qu’ils croisent, les deux seuls hommes restant sur terre, grâce à un livre magique exauçant des vœux. Puis son corollaire, les deux garçons, plutôt simplets et crédules, maladroits et souvent grossiers dans leur aspect ados attardés et obsédés par la gente féminine, n’étant pas certains de créer l’adhésion des femmes, qui ne verront pas forcément en eux des idéals masculins, même une fois devenus les seuls représentant masculins sur la Terre. Enfin le duo d’interprètes, Drisse Chalouh et Mehdi Azekri, également au scénario, dont la naïveté désespérante arrache forcément quelques rires ou sourires.

Si cette comédie potache souffre clairement de la lourdeur de nombreuses situations, pas toujours comiques, mais aussi d'une mise en scène un peu tape à l’œil (vues de drones découpées façon clip, ralentis ou zooms soudains...), ainsi que du surjeu de l’ensemble du casting, elle parvient à maintenir un certain rythme niveau gags. Le film s’ouvre sur une intrigue de l’ordre du thriller, trop vite quasiment oubliée, avec des informations indiquant la découverte du « livre magique de Ramsès 2 » en Italien, et un voleur arrêté sur un toit, forcé à laisser tomber dans la rue, sac, argent, et veste (contenant le livre). La comédie s’enclenche ensuite rapidement, après quelques scènes poussives dans le club où les deux « chanteurs », à l’unique morceau, bien ringard, se produisent. L’occasion de se moquer tout de même d’une certaine absence de curiosité artistique, pour favoriser une musique plus traditionnelle.

Ainsi, derrière les gags, parfois gras ou à la violence gratuite (les garçons se prennent régulièrement d’humiliantes claques…), ce sont tout de même la corruption, la célébrité des influenceuses, les arnaques quotidiennes, la violence latente, le non respect de personnes âgées, qui se retrouvent dénoncés. Le machisme ambiant est aussi moqué, même si le scénario n’est pas exempt de défaut à cet égard lors du défilé de prétendantes à la porte des deux héros, se rachetant par la suite dans la seconde partie du métrage, où, harcelés, ils sont contraints de s’habiller en femmes. Maladroit dans certains dialogues (par exemple, le couplet longuet sur la Coupe du monde, soudain facilement gagnable puisque tous les joueurs ont disparu...), mais jamais en manque d’imagination, "Jouj" aura sans doute ses fans, à condition qu’ils acceptent l’ambiance grand-guignolesque et les enchaînements un peu hasardeux.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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