JOE
Nicolas Cage en père de substitution
Après avoir surpris son monde en février 2013 à Berlin avec "Prince of Texas", David Gordon Green ("L'Autre rive") est revenu en septembre à Venise, présenter "Joe", portrait d'un fils d'alcoolique devenu adulte et tentant de faire les choses bien. Être différent de son propre père, savoir protéger les siens, se libérer de ses propres pulsions, voilà autant de thématiques douloureuses que brasse ce drame dont la parabole finale sur le sacrifice ne sera malheureusement pas des plus légères.
En tête d'affiche, Nicolas Cage ne démérite pas, personnifiant un homme ayant su faire face à son paternel alcoolique, enclin lui même à des accès de violence récurrents, véritable cocotte minute que l'on sent prête à exploser. Alors qu'un jeune garçon trouve en lui un père de substitution, un lien réciproque presque invisible commence à se nouer, le film s'attachant à montrer en quoi l'adulte peut se reconnaître dans son cadet. Guérison des blessures passées, expiations de ses fautes, le thème de la transmission sous-tend de nombreuses scènes.
Malheureusement l'empathie a du mal à surgir des profondeurs de ce drame où l'alcool joue un rôle fondamental, que ce soit en faveur du jeune homme ou de son protecteur. Reste l'évocation terrifiante de la famille du garçon, aux prises avec un père qui raquette et tabasse sa progéniture, prostitue sa fille et s'avère capable d'assassiner un SDF pour lui soutirer une bouteille d'alcool. Un portrait de la déchéance humaine et sociale assez saisissant. Le tout noyé dans une sombre histoire aux recoins douloureux.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur