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JEUX DE POUVOIR

Un film de Kevin MacDonald

Tuer n'est pas jouer

Alors que la police ne voit aucun lien entre les morts d’un petit truand et de l’assistante d’un membre du congrès, Cal McAffrey, journaliste d’investigation, y voit l’origine d’un complot qui pourrait faire trembler les plus hautes sphères du pays...

En adaptant la mini-série éponyme pour le grand écran, Kevin Macdonald (« Le dernier roi d’Ecosse ») pouvait tomber dans le piège de la facilité ainsi que du cliché et sortir un « énième » film de complot gouvernemental ultra-paranoïaque sans saveur ni originalité. Heureusement pour nous, Macdonald rejoint Fernando Mereilles et son « The Constant Gardener » parmi les films du genre, dont le complot en question n'est que prétexte à développer des thèmes annexes liés à la situation.

« Jeux de Pouvoir » est donc avant tout un film de personnages plutôt que de situation. Ce qui est le plus important ici, ce n’est pas la résolution des meurtres, mais de savoir comment vont évoluer les relations entre les personnages de Russell Crowe, journaliste d’investigation malin, expérimenté, recherchant la vérité à tout prix et son couple d’amis au centre du complot (Ben Affleck / Robin Wright Penn), mais également sa collègue « bloggeuse » avide de scoops et de sensations. Tout ce petit monde gravite autour d’un complot impliquant des milliards de dollars mais ce sont les limites entre la vie privée et la vie publique, entre la vérité et l’amitié, entre l’intégrité éditoriale et les compromis imposés qui sont importantes. Autant de conflits quotidiens et de thèmes qui nous touchent, au final, plus que le complot en question.

Russell Crowe passe de l’autre coté du miroir par rapport au rôle qu’il tenait dans « Révélations » de Michael Mann, et comme à son habitude remplit son rôle à merveille. Il sonne absolument juste en journaliste pris entre deux feux, celui de la justice et de l’intégrité, et celui que lui imposent les hautes sphères du pouvoir. Malheureusement, on ne peut pas en dire autant de Ben Affleck… Ce rôle d’ancien militaire se bâtant pour la vérité au sein du congrès est pourtant fait pour lui, mais il sonne pourtant faux du début à la fin (on est loin de « Hollywoodland »). On pourra cependant noter un petit rôle interprété par Jason Bateman (« Juno ») qui prouve qu’on ne le voit vraiment pas assez souvent sur grand écran.

Bien qu’il soit quand même parsemé de codes « imposés » par le genre (une scène dans un parking sous-terrain, des méchants en costards…) « Jeux de pouvoir » permet de renouveler partiellement le genre, sans toutefois le révolutionner.

François ReyEnvoyer un message au rédacteur

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