JEUNESSE SAUVAGE
Au pays de la colère
Dans le Sud de la France, Raphaël est le chef d’une bande de voleurs à la tire. Tout change le jour où on leur propose de monter en grade en s’attaquant à un container sur les docs. C’est le début d’une guerre fratricide, sur fond de drame familial…
"Jeunesse Sauvage" mérite d’être vu en salle, car la performance de Pablo Cobo et la mise en scène de Frédéric Carpentier sont d’une grande puissance, bien que parfois, l’une comme l’autre manquent de subtilité.
Loin du cliché, le personnage de Raphaël présente une certaine complexité. C’est un chef de bande sûr de lui, qui prend des jeunes sous son aile et leur redonne foi en eux-mêmes en leur apprenant un métier. Mais c’est aussi le fils unique d’un ancien docker malade et violent qui vit à la rue et qui refuse son aide.
Par ses amitiés et ses amours, il incarne une jeunesse abandonnée qui est obligée de se trouver, violemment, une place dans la société. Il est d’une certaine manière le produit de la société de consommation. Il vit dans ses marges et incarne la violence brute qu’elle fait advenir de manière discrète. Privé d’amour et des codes sociaux les plus basiques, son seul rapport au monde est l’agression. Cela conduira à une scène intime qui pourra peut-être être difficile à regarder pour certains.
Mais Raphaël est un cas particulier : il maîtrise le langage et les codes d’un monde auquel il n’appartient pas vraiment. Par la collocation et sa verve, il garde un pied dans le monde « normal », ce qui lui permet de ne pas sombrer dans la violence, à laquelle il est sans cesse confronté.
Par son approche réaliste et quasi-documentaire, ce film plonge son spectateur dans la réalité de ces jeunes hommes toujours frustrés, qui sont rendus violents par la violence qu’ils subissent en permanence, et qui est leur seul mode d’existence. Des jeunes pourtant que le réalisateur prend le temps de montrer troublés par des jeunes filles, leurs pairs, pourtant si différentes.
Aidé par une mise en scène élégante et expressive, et un montage signifiant qui donne de la profondeur et de la tension à une histoire déjà dense, ce film est une jolie réussite, qui parle, de façon modeste, sans porter de jugement, d’une population souvent invisibilisée par les médias, quand elle n’est pas caricaturée.
Thomas ChapelleEnvoyer un message au rédacteurBANDE ANNONCE
JEUNESSE SAUVAGE – BANDE ANNONCE from FRATEL FILMS on Vimeo.