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JESÚS LÓPEZ

Troublante identification

Alors que son cousin Jesús López est mort dans un accident de moto, Abel se montre particulièrement présent auprès de sa tante, désespérée, de son oncle, qui évite de penser en s’occupant à réparer la voiture de course de Jesús, et de la fiancée de celui-ci, Azul, enceinte. Mais Abel n’est pas bien dans sa peau, semble avoir peur de tout, contrairement à ce défunt cousin, dont il commence à prendre étrangement la place…

Jesus Lopez film movie

Un écran noir. Un jeune homme dans la nuit, Jesús, de face, à moto, des phares loin derrière. Puis soudain un jeune homme sous la pluie. Et en voix-off, des gens qui prient, les uns après les autres, pour l’âme de Jesús. On devine le drame, l’accident. Puis des bribes d’informations nous sont livrées au compte gouttes. Et c’est bien là tout l’intérêt de "Jesús López", film argentin passé par la section Horizontes Latinos du Festival de San Sebastian en 2021 : jouer avec le mystère. Le mystère de l’attitude de cet adolescent, Abel, effacé, visiblement affecté par le deuil, et devant faire face à ses propres craintes. S’identifiant de plus en plus à ce cousin qu’il semblait admirer, il commence à porter ses vêtements, partage la chambre de sa fiancée enceinte, accepte la proposition de son oncle de conduire sa voiture lors d’une course hommage au disparu...

Prenant tout son sens dans la seconde partie, suite à une transition des plus troublantes, où l’on s’interroge d’abord avant de se rendre à l’évidence, le film verse alors dans l’irrationnel. Le personnage d’Abel s’affirme ainsi peu à peu, évoluant de l’adolescent craintif et paumé vers le jeune adulte capable de faire face. Doué pour suggérer des moments de flottements, parenthèses paisibles dans ce contexte désenchanté (nous sommes dans la province d’Entre Ríos, au nord de Buenos Aires, autour de hameaux issus d'une colonie allemande, où les petites fermes sont aujourd’hui en difficulté ou en ruines), Maximiliano Schonfeld met en scène les doutes adolescents, l’idée romantique de la mort, la tentation de devenir un autre alors qu’on ne sait pas encore qui on est soi-même. Une troublante identification incarnée par deux jeunes acteurs méritants : Lucas Schell et Joaquin Spahn, à découvrir.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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