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JESSICA FOREVER

Un laborieux film d'anticipation français, à la limite du gênant

Dans une banlieue anonyme, un jeune vandale est récupéré par la troupe de Jessica, composée uniquement d’orphelins. Intégrant celle-ci, Kevin, va apprendre leurs règles et devenir l’un des leurs, armé jusqu’aux dents…

Jessica Forever film image

Parabole pacifiste convoquant une sorte de Peter Pan au féminin, "Jessica Forever" ne convaincra pas tout le monde, même si le film semble avoir ses adeptes. Cette histoire d’une femme qui recueille des orphelins menacés d’une mort probable par une nuée de drones militaires, où le sommeil collectif a un rôle important, est le premier long métrage du duo Caroline Poggi et Jonathan Vinel, réalisateurs remarqués pour "Tant qu'il nous reste des fusils à pompe", ours d'or du meilleur court métrage au Festival de Berlin 2014. Passés par la case Panorama au Festival de Berlin 2019, cet ovni aussi déroutant qu’irritant cumule nombre de défauts.

Outre la quasi inexistence de chacun des personnages, jamais creusés (il en va de même pour la prétendue héroïne, belle coquille vide interprétée par Aomi Muyock, vue dans "Love" de Gaspar Noé, dont le charisme est proche du néant), ou des situations absurdes (mais pourquoi donc arrivent-ils sur l'île en parachutes ?), les dialogues, quand ils sont voulus décalés, font flop les uns après les autres, provoquant ricanement plutôt qu’adhésion (« couvre toi de sang et soit heureux », « on apprend mieux à se connaître en dormant ensemble ») ou conçus comme pseudo poétiques, frisent juste le ridicule ou sentent la leçon de morale à bas prix (« les mauvaises choses durent pas éternellement, il faut les empêcher de durer longtemps »).

S’acharnant à dépeindre une bande de gamins soit-disant révolutionnaires, qui n'en ont que les contours (ils s'offrent ou s'achète des objets de marque et surtout payent bien sagement au supermarché, leur niveau de préoccupation s’arrête aux céréales…), le film se réclame cependant du mélange de jeu vidéo et d'heroic fantasy, inscrit dans des lieux quotidiens (un ensemble pavillonnaire, le toit d'une maison, un lycée...). Certains personnages sont en effet inspirés du monde des jeux vidéos, Quiet de "Metal Gear Solid 5" ayant influencé l'écriture de Jessica, ou Raiden de "Metal Gear Solid 2" pour le personnage homonyme.

Certes le film tente de jouer ainsi de certains décalages. Mais le spectateur, face au mélange d'anticipation, d'humour saugrenu, de peu de crédibilité des personnages et de valeurs de pacotille, ne sait pas s'il doit rire ou non. La gêne s’impose peu à peu, au détriment du plaisir, d’autant que la mise en scène au montage mou et à la caméra paresseuse, donne l'impression que la plupart des scènes d’action se déroulent au ralenti. Ajoutez à cela une bande d'interprètes plus mauvais les uns que les autres (bon nombre sont d’ailleurs des amateurs), du placement de produit condensé à la limite du supportable, et vous aurez une petite idée du naufrage.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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