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JEANNE CAPTIVE

Un film de Philippe Ramos

Un réel déséquilibre

En 1430, Jeanne d’Arc est sur le point d’être vendue aux Anglais. Alors qu’elle est en captivité, le film s’attache à décrire, à travers différents hommes qui l’entourent, la jeune femme qu’elle fût dans les derniers moments de sa vie…

Après "Adieu pays" et "Capitaine Achab", Philippe Ramos choisit pour son troisième long-métrage de s’atteler à la vie de Jeanne d’Arc. Maintes fois portée à l’écran, qui plus est de façon illustre (notamment par Jacques Rivette avec "Jeanne la Pucelle" et Robert Bresson avec "Le Procès de Jeanne d’Arc"), le destin unique de cette figure incontournable de l’Histoire française nécessitait-il un énième film ? Pourquoi pas, à condition que le traitement apporte un angle inédit. C’est effectivement le cas, puisque le film opère un focus sur la période de captivité de Jeanne d’Arc, qui, après l’incroyable épopée qu’on lui connaît, se retrouve déchue et désavouée, dans l’attente d’être vendue aux Anglais. Laissant de côté l’aspect guerrier et une reconstitution fidèle, le film présente les personnes qui ont côtoyé Jeanne d’Arc à la fin de sa vie : un médecin, des geôliers insensibles et revanchards, des soldats anglais interloqués.

Certes, le jeu de mots est facile, mais devant "Jeanne captive", on est plus captifs que captivés. Le film fait preuve d'un réel déséquilibre et il ne se passe finalement pas grand-chose, tant au niveau scénaristique que de celui de l’image. Cependant il y a un effort esthétique indéniable, un travail du cadre notable dans ce qu’il traduit l’enfermement psychologique et la désolation dans laquelle Jeanne d’Arc a fini ses jours. La figure féminine est mise en beauté par le réalisateur qui fait primer l’individu sur l’héroïne à travers un plan d’une nuque, ou d’une larme sur une peau dénudée. Mais le larmoiement perpétuel devient irritant, et l’errance narrative couplée à des dialogues quasi-absents finissent par plomber un projet intéressant. La sobriété visuelle confine à une certaine pauvreté de la sensation, et finalement à une absence d’empathie ou d’un quelconque ressenti face au film. Présenté à la Quinzaine des Réalisateurs au dernier festival de Cannes, le film divise la critique. On le comprend aisément.

Camille ChignierEnvoyer un message au rédacteur

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