JE ME TUE A LE DIRE
La poésie moderne
Dès les premières minutes du film de Xavier Seron, la voix-off de Michel Peneud, interprété à merveille par Jean-Jacques Rausin, nous prend par la main et nous emmène dans le quotidien de cet homme simple et pourtant si attendrissant. Tel un slameur, il récite sa vie et partage ses sentiments dans un texte plein de vie qu'il nous jette au visage. En réalité, tout le film peut être comparé à cette poésie des temps modernes qu'est le slam. En effet, le réalisateur s'amuse avec les images, les sons, la musique, la lumière ou encore les dialogues comme un slameur s'amuse avec les mots. Tout d'abord avec l'utilisation d'un noir et blanc maîtrisé qui nous enlève tout effet superflu et qui concentre notre attention sur l'histoire. Et puis, surtout, avec l'utilisation habile de cette voix-off qui revient régulièrement réciter ce que ressent le protagoniste et ses pensées les plus intimes. De plus, la structure du film se découpe en plusieurs parties aux titres toujours bien trouvés, ce qui peut rappeler les vers présents dans une composition de slam ou toute autre forme de poésie. Toutes ces petites choses mises bout à bout servent de la meilleure des manières une histoire touchante abordée avec compassion et attendrissement.
Cette histoire, c'est celle de Michel Peneud et de son entourage : sa copine, son ami mais surtout sa mère, Monique. En effet, la vie de Michel bascule le jour où les docteurs diagnostiquent un cancer du sein à sa mère. Dès lors, tout gravite autour de cette relation mère-fils mise à mal par la maladie. Et pourtant, les personnages gardent le sourire, poursuivent leur chemin et nous font rire. Comme souvent dans les comédies belges, un drame ne parvient jamais à abattre ceux qui le traversent, au contraire, c'est leur joie de vivre qui en ressort, et ce, jusque dans les derniers instants. Et même si le sort s'acharne encore et toujours sur Michel, il reste fort, pour sa mère, lui qui représente la seule famille qui lui reste. Leur relation devient si forte que tel un homme grossissant en même temps que sa femme enceinte, Michel développe des symptômes similaires à ceux de sa mère jusqu'à se demander si, lui aussi est atteint d'un cancer du sein. C'est donc une histoire de famille loufoque partagée comme dans un journal intime que nous livre Xavier Seron. Un conte traversant de nombreuses émotions que l'on peut capter dans les voix-off de Michel qui nous confie, comme ça lui vient, ses peurs, ses envies, bref sa vie. Tel un slameur proclamant son texte, le film utilise à merveille des effets de style pour magnifier son histoire qui sans tous ces ingrédients pourrait nous paraître des plus banales.
Quentin ChirolEnvoyer un message au rédacteur