Festival Que du feu 2024 encart

JAPANESE STORY

Un film de Sue Brooks

Le droit au deuil, en toutes circonstances

Une géologue australienne, spécialisée dans la cartographie, se voit confiée la dure mission d’accompagner un difficile client japonais, aussi désireux de ne pas converser, que de visiter le bush. Après quelques moments d’incompréhension, une liaison va voir le jour, à l’occasion d’une panne bien fortuite…

Ce petit film australien, présenté cette année à Un certain regard, après un bref passage côté ennui, vous prend aux tripes, en vous faisant partager la douleur de son héroïne principale, Toni Collette (Sixième Sens, Muriel), touchante et juste. Clairement scindé en deux parties, il nous emmène tout d'abord dans le désert australien, dépaysant et peu inquiétant à la fois, familiers des images de dunes et autres garrigues que nous sommes. Jouant à fond la carte de la différence culturel, barrière linguistique oblige, la réalisatrice nous convie à partager les inimitiés entre deux personnages que tout oppose. La rigidité apparente et les codes de bonne conduite d'un côté, la légèreté, la volonté de communiquer et la bonhomie de l'autre, valent rapidement à ce duo, une sympathie assez importante.

Du coup, leur liaison apparaît en définitive comme une chose naturelle, et le coup de théâtre du milieu, avec le décès du japonais, prend tout le monde de court, et la deuxième partie, que certains trouveront trop appuyée, donne toute sa dimension à un récit, jusque là assez banal. Passé la découverte du cadavre, c'est sur son rapatriement, et la douleur légitime de cette maîtresse, que la réalisatrice se concentre. Ainsi, si elle vit cette disparition, en elle-même, elle ne peut l'afficher, et la confrontation avec la réalité, en la personne de la femme légitime, devient des plus violente intérieurement. La reconnaissance du droit de deuil est une chose parfois difficile, et la magnifique musique ponctue fort justement, avec toute la lenteur qu'il se doit, les moments les plus anodins, qui sont à la fois les plus douloureux. Un film magnifique et envoûtant.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

À LIRE ÉGALEMENT

Laisser un commentaire