JAMIE MARKS IS DEAD
Un formidable conte horrifique sur la culpabilité
Après un prologue lié à la découverte du corps, grâce à une scène bien sentie, par une simple tirade d’un professeur auquel on demande de parler collectivement de l'effroyable événement, on comprend vite que l’élève décédé, Jamie Marks, n’avait aucun ami. Le professeur, amer, demande aux autres : « qui le connaissait » ? L'incapacité des adolescents à répondre lui permet alors de fustiger en douceur, la curiosité macabre de ses camarades, et au scénario de commencer à poser la question de la responsabilité collective dans ce qui vient de se passer. Un effet renforcé par un simple flash-back, suffisant pour faire comprendre qu’il s’agissait là d’un souffre douleur.
Sans trop jouer sur l'aspect mystérieux de la mort du jeune homme, ni sur une éventuelle enquête, le scénario préfère partir sur l'introspection de deux personnages se confrontant au fantôme du disparu, réapparaissant trempé et nu, d'abord dans les parages du drame. Autour de ce Jamie Marks à la mort forcément suspecte, Carter Smith concocte une atmosphère des plus étranges, à l'aide d'une image d´élavée, où tristesse du décors rencontre la tristesse du défunt, où le travail sur le son intrigue autant qu'il fascine.
Ce thriller surnaturel, à l'atmosphère empoisonnée, joue sur la fascination morbide des adolescents pour la mort, tout en abordant les notions de deuil, d’identité sexuelle, et de culpabilité. Par des cadrages savamment composés, par ce visage filmé initialement de biais, comme pour mieux signifier son effacement, son incapacité à affronter le monde qui l'entourait, le réalisateur fait progressivement rentrer le personnage dans la vie des autres, réclamant finalement son du, un contact, une communication qu'il aurait mérité bien avant. Un film qui ne fera certainement pas l'unanimité, mais qui a le mérite de déranger, véritablement.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur