IP MAN 4
Ip Man aux USA
Atteint d’un cancer du poumon qu’il a gardé secret, Ip Man accepte l’invitation de son ancien élève Bruce Lee. Il prend donc l’avion pour les États-Unis pour une démonstration martiale. Mais Ip part également à la recherche d’une nouvelle école pour son fils turbulent, qui vient de se faire renvoyer de la sienne, et qui en veut énormément à son père de ne pas lui transmettre sa connaissance du Wing Chun…
Suivant la vie et la carrière du maître moderne du Wing Chun, les films "Ip Man" vieillissent avec le maître. Ainsi, ce dernier volet compte peu des scènes de combats flamboyantes qui ont fait le succès des autres films. Ce film est, comme son protagoniste, vieillissant, introspectif, plus social et plus politique. Pourtant quelques morceaux de bravoure subsistent, en particulier une scène autour d’une table ronde et d’un plateau tournant, et un combat final toujours très réussi.
Mais ce nouveau film n’est pas tant centré sur le personnage d’Ip Man que sur celui d’un Chinois aux États-Unis et du racisme que ces populations subissent au quotidien, alors qu’elles sont sur le sol américain depuis des générations et qu’elles ont participé à la construction d’une grande partie du territoire (en bâtissant les voies de chemin de fer par exemple).
Contrairement aux précédents volets, en particulier ceux centrés sur la relation avec les Japonais, le propos est ici plus subtil, car le racisme fonctionne dans les deux sens. En effet, les maîtres chinois émigrés refusent de prendre pour élèves des Américains et de transmettre leur art, et Bruce Lee, le seul à tenter de le faire, est vu comme un traître. Le racisme est également traité dans différents milieux : celui de l’école, de l’entreprise, de l’administration et de l’armée. Le film parle également en sous-mains, de l’étrangeté de certains fonctionnements toujours en vigueur aujourd’hui aux États-Unis, un pays où tout est possible pour ceux qui ont, soit de l’argent, soit des relations, et un pays où tous peuvent entreprendre, mais où seuls ceux qui ne sont pas blancs risquent d’être privés de leur liberté, sans autre forme de procès.
Enfin, ce film reprend quelques images aujourd’hui cultes de la démonstration de Bruce Lee, avec les pompes sur deux doigts, le coup-de-poing arrêté et l’attaque furtive. Il permet également de présenter deux des lignages du Wing Chun contemporain, celui que maître Ip a transmis à Bruce Lee et celui qu’il s’est résolu à donner à son fils (ses fils dans la réalité).
Thomas ChapelleEnvoyer un message au rédacteur