INVISIBLE MAN
Moderniser un classique
Que faire quand vous êtes persuadée que votre mari violent, auquel vous avez réussi a échapper de justesse et que tout le monde croit mort, est sur vos traces ? Que faire surtout, quand cet homme est un expert en optique, peut-être capable de se rendre invisible ?
C’est sur ce même site que vous avez pu lire il y a quelques semaines la critique de "Nightmare Island" du producteur Jason Blum. Blumhouse ne finit décidément pas de surprendre avec le nombre de ses productions et leur diversité. Ici, c’est plutôt le haut du panier qui est dévoilé aux spectateurs français, le 26 février, avec l’histoire de Cécilia Kass, femme émancipée qui se retrouve prise au piège d’un mari abusif qui la bat et qui contrôle ses faits, gestes et pensées.
Un film qui vient moderniser l’une des figures les plus emblématiques de l’écurie Universal. Ici, l’homme invisible devient d’abord le spectre invisible et silencieux du traumatisme d’une femme abusée, ce qui permet de dénoncer silencieusement la mise en question constante des victimes d’agression domestique et leur manque de prise en charge. Puis dans un deuxième temps, le film prend une forme plus classique de revenge movie.
"Invisible Man" a l’intelligence, dès la scène d’ouverture, de poser une grammaire visuelle qui invite le spectateur à scruter l’écran à la recherche d’un indice, d’un mouvement, de quelque chose qui trahirait la présence de cet « homme invisible », dont rien ne garanti qu’il n’est pas le pur produit de l’imagination de Cécilia. Puis, progressivement, le film récompense le spectateur attentif, en lui donnant des éléments éparses, discrets et magnifiquement réalisés, qui permettent de trancher cette question.
Ce que l’on peut reprocher toutefois à ce film, c’est la construction des personnages secondaires, et aussi de l’antagoniste. D’aucuns pourront même regretter une fin trop frontale, voire incohérente avec le personnage développé. "Invisible Man" est tout de même une très bonne surprise, un film au frisson garanti, qui sait ménager ses effets, et qui aborde un sujet grave de manière très pertinente. Qui a dit que les monstres n’existaient qu’au cinéma ? À voir, au cinéma, sous peine de manquer quelque chose.
Thomas ChapelleEnvoyer un message au rédacteur