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INU-OH

Un film de Masaaki Yuasa

Une légende sur la modernité

A la fin du XIVe siècle, Tomona, enfant, est victime de la malédiction d’une épée retrouvée au fond de l’océan, devenant alors aveugle. Il rejoint alors des moines joueurs de Biwa, auprès desquels il apprend cet art musical. Mais un beau jour, il croise Inu-Oh, un garçon aux corps difforme, caché derrière un masque et d’amples vêtements, qui semble lui doué pour la danse. Ensemble, ils vont donner naissance à une nouvelle forme de théâtre Nô, en contant de nouvelles histoires du clan samouraï Heike, défait deux cents ans plus tôt…

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En s’intéressant à un danseur de théâtre Nô ayant été très populaire mais aux chansons pour la plupart oubliées, Masaaki Yuasa, auteur de "Lou et l’île aux sirènes" (Cristal du meilleur long métrage à Annecy en 2017) et "Ride your wave" sorti récemment en salles, adopte un ton plus contemplatif qu’à l’accoutumée, injectant cependant une nouvelle fois dans son récit d’incroyables scènes incluant mouvement et vitesse.

Principalement en animation traditionnel, le dessin évoque par moments les peintures traditionnelles japonaises sur rouleaux de papier. Mais le long métrage adopte cependant ponctuellement d’autres styles graphiques. Passant en vue subjective pour l’aveugle, il montre d’envoûtantes formes perçues, représentées comme des ensemble de coups de pinceaux. Un point de vue adopté côté Inu-Oh, montrant lui une distorsion des perspectives, à l’image de son corps initial qui retrouve progressivement une « humanité ». Les images de synthèses restent quant à elle très ponctuelles, utilisées principalement pour mieux rendre les perspectives du palais, dans lequel la troupe donnera l’un de ses spectacles.

En faisant de la troupe une sorte de groupe de rock (influencé notamment selon l’auteur lui-même par les Beatles ou Queen), précurseurs de grands spectacles aux impressionnantes mises en scène, Masaaki Yuasa parvient à un discours de fond sur la modernité face au classicisme, qu’il double d’une histoire de rivalité. Complexe en termes de narration, "Inu-Oh" convoque possession et magie, et possède à la fois de vrais morceaux de bravoure comme des passages musicaux envoûtants, qui pourront parler à toutes les générations.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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