THE INTERPRETER
Une leçon de morale appuyée venue d’Autriche
Difficile de ne pas adhérer à une histoire impliquant un vieil homme slovaque recherchant l'endroit où sont enterrés ses parents et se confrontant au fils de leur bourreau, un responsable SS. Et pourtant, "The Interpreter", à vouloir faire passer son message aux forceps, qui plus est, en jouant sur tous les tableaux, finit par provoquer un certain rejet. La froideur de son personnage principal, vieil homme rigide au plus haut point, rabat joie, sorte de mort-vivant qu'on ne sent ni en souffrance ni en réelle quête, n’y est pas pour rien. Devenant une sorte de moralisateur permanent et assez irritant, la conclusion du film est un peu à son image, semblant nous asséner un diction du type « pourquoi chercher la moindre joie lorsque l'on devrait tous porter le poids de l'Histoire » ?
S’ajoute une difficulté à croire que le cinquantenaire qu'il a en face de lui, Peter Simonischek (vu dans "Toni Erdmann") ne sache absolument rien du passé de son père, voulant juste faire du tourisme et prendre du bon temps sur les lieux où ce dernier est passé. Cabotinant tout du long, son personnage de bon vivant finit lui aussi par agacer. Ceci d’autant plus lors de la tentative d’une comparaison entre les souffrances des deux, fils de SS et fils de victimes.
Manquant profondément d'équilibre et d'émotion, le film rate donc son objectif, que ce dernier soit pédagogique ou humain. Si elle bénéficie d’une belle petite musique, cette virée dans une mémoire qu’il ne fait pas forcément bon remuer, a tout de même le mérite de poser la question de la transmission et de la vengeance. Ça n’est déjà pas si mal.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur