INSPECTEUR SUN ET LA MALÉDICTION DE LA VEUVE NOIRE
Inégal, mais bourré de références
Shanghai, 1934. L’Inspecteur Sun, araignée policière, récemment suspendu et flanqué d’une jeune fan qui voudrait enquêter à ses côtés, se retrouve dans un hydravion pour San Francisco. Là un couple riche, soumis à des menaces, souhaiterait l’engager. Mais l’assassinat du mari ne lui en laisse pas le temps, sa femme, une veuve noire, étant rapidement accusée, du fait de la morsure laissée sur la victime…
"Inspecteur Sun et la malédiction de la veuve noire" de Julio Soto Gurpide ("Deep") faisait partie des films présentés en séances événements au dernier Festival international du film d’animation d’Annecy. Quelque part entre des influences du Shanghaï des années 30, qui évoqueraient ici plutôt les années folles, des ressorts en termes d’action relevant des codes de "Mission Impossible", et un personnage proche dans ses méthodes du Hercule Poirot d’Agatha Christie, ce film d’animation espagnol tente en vain de tirer son épingle du jeu, dans une offre déjà surchargée. Difficile en effet d’y déceler ici une réelle originalité, que ce soit au niveau personnages (le côté buddy movie avec la petite araignée ne passionne guère…), ou au niveau du récit, peut être trop référencé.
On reconnaîtra ainsi la manière d’Hercule Poirot de dénouer les intrigues en réunissant tous les suspects. Côté action on appréciera l’incursion ponctuelle dans le monde des humains, démultipliant les dangers, même si elle ne surprend guère. Quant à la meilleure allusion, elle s’adresse plutôt aux adultes, avec une scène d’interrogatoire façon "Basic Instinct", plutôt sympathique. Le problème est sans doute que le film, qui s’adresse plutôt aux 6 à 10 ans, n’a pas véritablement de niveau de lecture pour les adultes, qui risquent donc de s’ennuyer ferme. Les enfants, eux, trouveront peut-être leur compte dans l’aspect casse cou d’un héros un peu « je sais tout » (caractères présentés dans les plutôt réussies premières scènes du film), dans le comique de répétition (les moqueries à base de « as-tu dis quelque chose ? », ou encore les (trop) nombreux rebondissements. Reste la qualité de l’animation en images de synthèses, qui montre que l’Europe a peu à envier aux États-Unis.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur