INSÉPARABLES
Un fin équilibre pour des duos différents
Une vieille dame qui s’endort dans son potager et perd son chat, une botte perdue qui devient amie avec une souris, une maman lapin et son petit qui découvre le monde, un petit ours blanc à la recherche de sa mère sur la banquise…
Voici un recueil de quatre courts métrages d’animation, aux styles graphiques très différents, qui évoquent le lien entre deux êtres. Un lien indéfectible, quel que soit le moment, les difficultés ou le niveau de séparation. Ici les personnages s’endorment, se perdent, retournent auprès des leurs, qu’ils soient vivants, ou potentiellement disparus. Et c’est avec douceur, sans aucun dialogue (mais pour certains avec voix-off ou chanson), que les quatre films traitent finalement de retrouvailles qui feront sans doute chaud au cœur des petits. L’ensemble s’ouvre sur "Même quand nous dormons", (France, 2017 – 3 mn) tiré de la collection "En sortant de l’école", et donc accompagné d’un texte en voix-off signé Paul Eluard. Sur des décors peints, se meuvent des personnages aux traits fins et aplats de couleurs, évoquant par petites touches la complicité entre une vielle dame et son chat, qui la suit partout, jusqu’à ce que la femme s’endorme, sans crier gare. Ce très court, et le dialogue à deux voix rajoute aux petits tourbillons de la routine.
S’en suit "Pas à Pas" (France, 2021, 7 mn 29), réalisé en images de synthèses, dans lequel on découvre une botte rouge, visiblement laissée au bord d’une rivière, s’agitant et tentant de sortir de la forêt. Rencontrant au passage une souris, c’est d’abord l’usage de l’une par l’autre (comme abri de la pluie, comme stockage de baies…) qui prévaut, avant que l’entraide ne s’installe. C’est joli, c’est poétique, c’est sacrément incarné (les mouvements enfantins de la botte, jouant dans les flaques tel un enfant, sont millimétrés...), en bref c’est un petit bijou. Troisième court, au dessin traditionnel plutôt banal et relativement vieillot, avec des personnages aux gros traits de contour (on pense notamment à "Pierre Lapin"), "Mon enfant" (Corée du sud, 2022, 10 mn 30) met en scène une lapine et son petit, qu’elle accompagne dans sa découverte de la nature (fleurs, herbe, taupes, oiseaux, grenouilles…). Un court qui se termine sur des images réelles de la réalisatrice et son enfant, explicitant avec quelques lignes son intéressante démarche. On a cependant bien du mal à relier cela à ce qu’on a vu en animation, et la chanson ne fait qu’appuyer un message déjà largement saisi.
Pour clore le recueil en apothéose, les très belles couleurs de "Ursa" ("Le chant des aurores boréales") (Norvège, 2021, 10 mn 20) viennent emplir le grand écran, se maintenant principalement entre les violets, bleus, verts et bordeaux. L’histoire de la quête de ce petit ours, perdu sur la banquise et cherchant sa mère, est séduisante, joue avec les formes, et maintient le doute sur ce qui est advenu à la mère. Autour des aurores boréales et d’autres animaux (renne, morse, baleine, phoque…) qui le guident, se construit un périple poétique, parsemé de quelques dangers. La mélodie qui accompagne le tout ne fait qu’accentuer la magie ouatée de ce très beau et touchant court métrage. Une bien belle conclusion.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur