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INFILTRATOR

Un film de Brad Furman

Un thriller efficace où Bryan Cranston fait des merveilles

Robert Mazur a beau avoir un nom qui ne fait pas très peur, il est l’homme qui a fait vaciller l’empire de Pablo Escobar. Agent infiltré, il va être l’élément essentiel de l’une des plus grandes opérations jamais menées pour faire tomber les cartels de la drogue…

Robert Mazur, ce nom ne vous dit probablement rien. D’ailleurs, lorsqu’on entend ce patronyme, celui-ci semble tristement banal. Et pourtant derrière celui-ci, se cache un homme au parcours extraordinaire, un homme au cœur d’une opération policière ayant abouti à l’arrestation de plus de quatre-vingt personnes impliquées dans le trafic de drogue. Pendant deux ans, l’agent fédéral va infiltrer les réseaux de Pablo Escobar dans la peau d’un certain Bob Musella, prétendu businessman et expert du blanchiment d’argent. Dans la peau de ce flic courageux et dopé à l’adrénaline, le désormais incontournable Bryan Cranston, retrouvant une nouvelle fois un projet dont la trame narrative repose sur l’usage de stupéfiants.

Si le métrage souffre d’une mise en scène trop classique et impersonnelle, il a le mérite d’être particulièrement efficace. Polar tendu et haletant, le film est un vrai régal scénaristique avec ses dialogues inspirés et ses séquences viriles. Retraçant chronologiquement et sans surprise les grandes étapes de cette traque sans précédent, "Infiltrator" est avant tout une nouvelle démonstration de l’immense talent de Bryan Cranston. Mais si le récent "Dalton Trumbo" reposait trop sur les mimiques du comédien, la scénariste (qui n’est autre que la mère du réalisateur Brad Furman) a eu ici la bonne idée de l’entourer de seconds rôles très bien écrits. Ainsi l’explosif collègue (John Leguizamo) et la partenaire d’infiltration (Diane Kruger) sont bien plus que des éléments décoratifs, mais bel et bien des ressorts dramatiques et humoristiques fonctionnant comme un miroir de la personnalité du protagoniste principal.

Là où le film devient profondément intéressant, c’est dans sa dimension psychologique, sa propension à capturer les tourments intérieurs de policiers jouant aux criminels. Car au-delà de cette schizophrénie nécessairement délicate (l’argent et la vie luxueuse des bad guys peut faire rêver), le cinéaste traite également frontalement de l’attachement que ces hommes peuvent ressentir face aux personnes qu’ils devront, in fine, arrêter, voire pire. Se couper de sa famille pendant des années, se construire une fausse vie, avec de vrais faux amis, puis la balayer d’un simple revers de main, tel est leur quotidien. Forcément, ça laisse des traces, que le Cinéma oublie bien souvent de traiter. On regrettera alors que le métrage n’ait pas été plus ambitieux dans sa forme, car si le cahier des charges est respecté, l’originalité est un brin absente.

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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