INDIGNATION
Des désillusions abordées avec une belle nostalgie
1951. Marcus aide à la boucherie de son père durant l’été. À la rentrée, un mois plus tard, il partira à l’université, volant enfin de ses propres ailes. Il y découvrira les confréries, les filles… et surtout une fille…
"Indignation" marque les premiers pas réussis du producteur James Schamus derrière la caméra. Longtemps à la tête de Focus Features, ce scénariste et producteur indépendant est derrière nombre de succès tels que les films de son complice Ang Lee : "Le secret de Brokeback Mountain" et "Ice storm". Il réalise ici un film en costumes centré sur le thème de l'émancipation, à la fois religieuse et idéologique, adapté du roman éponyme de Philip Roth.
Autour du personnage de Marcus Metzner, jeune homme juif qui s'extirpe du cocon familial pour aller à l'université, le film confronte avec intelligence la nécessité de travailler et le devoir pressant de vivre. Le contexte des années 50 est rendu ici moins pesant par la surprenante légèreté de mœurs dont fait preuve la jeune fille qu'il rencontre. Et c'est avec un romantisme certain et un esprit résolu d'apprentissage de la liberté et de la responsabilité que le personnage principal est caractérisé, pesant avec respect les tourments ou aspirations de ceux qui l'entourent au travers d'une voix-off bienveillante.
Oscillant entre comédie et drame, le film ose surtout aborder le sujet délicat (aux États-Unis) de l'indépendance de toute religion, discutant la manière d'appréhender l'autorité comme l'enseignement. Grâce à des personnages terriblement attachants, il nous entraîne avec tact sur les terrains de la fragilité psychologique liée aux premières relations amoureuses et du respect des règles de vie en société. En cela "Indignation" est presque un film pédagogique, loin de tout manichéisme, nous amenant au final, au bord des larmes.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur