INDIANA JONES ET LE CADRAN DE LA DESTINÉE
Les légendes ne meurent jamais
Alors qu’il est fraîchement retraité, Indiana Jones reçoit la visite surprise de sa filleule venue lui poser des questions sur le cadran d’Archimède, supposé capable de détecter des fissures temporelles. Lorsque celle-ci vole l’objet, Indy se retrouve embarqué dans une grande aventure où il va devoir empêcher des nazis de récupérer le précieux sésame…
Un train rempli de nazis. Indiana Jones en train de se faire chahuter avant de trouver un moyen de s’en sortir et de distribuer quelques coups de poings au passage aux bad guys. Comme à la belle époque. Durant une séquence d’ouverture magistrale, grâce notamment à une technologie qui ne cesse de s’améliorer sur le rajeunissement numérique des comédiens, ce cinquième opus de la saga, nous replonge dans le passé, à une époque où notre archéologue était fringuant et maniait le lasso comme personne. Cette notion du temps qui passe va hanter les deux heures suivantes, offrant à ce héros de nombreux cinéphiles un dernier voyage à la hauteur du mythe qu’il a été. Car une fois le prologue terminé, nous sommes plongés en 1969, au moment où Indy se voit obligé de prendre sa retraite. Un rapide plan sur son corps torse nu nous rappelle son âge vieillissant, tout comme son environnement, désormais esseulé dans un monde qui ne laisse que peu de place aux aventuriers d’hier. La mort de son fils a eu raison de son couple, et c’est seul qu’il passe la plupart de son temps. Jusqu’à l’arrivée surprise de sa filleule qui va initier, malgré elle, une grande course aux quatre coins du monde, à la recherche du cadran de la destinée disparu depuis 2 000 ans.
Grand spectacle rempli de scènes d’actions XXL (en particulier la course-poursuite en cheval au milieu d’une parade), ce nouvel épisode réussit parfaitement à rendre hommage à la série, en en capturant l’esprit et en respectant le cahier des charges (un MacGuffin au pouvoir immense, la musique de John Williams, des séquences épiques, des grottes, des énigmes à résoudre), tout en refusant de nous mentir sur la réalité que nous devons affronter : Indiana Jones est en fin de parcours. A contrario des récents "Star Wars" qui préféraient nous faire croire que la bande des débuts n’avait pas pris une ride, le film assume pleinement le fait de mettre en vedette un octogénaire, certes très en forme et encore sublime, mais dont l’agilité à grimper les montagnes en a pris un coup. Surtout, là où le quatrième volet s’était complètement planté en se contentant de singer les précédents, James Mangold insuffle une originalité à l’ensemble. Lui qui avait déjà démontré qu’il pouvait transformer le genre attendu d’une œuvre (son "Logan" dans l’univers X-Men) s’offre même un dénouement complètement over-the-top qui ne sombre jamais dans le grotesque, probablement parce qu’il joue parfaitement avec la symbolique d’un tel événement.
Certes, les personnages secondaires auraient peut-être mérité un meilleur traitement, en particulier Phoebe Waller-Bridge, excellente comme toujours, mais dont le rôle ne lui permet pas de véritablement exister face au protagoniste principal. Si cela constitue bien un défaut, rendant certaines sous intrigues moins captivantes de par le peu d’intérêt suscité par cette relation, comment aurait-il pu en être autrement ? Divertissement généreux, au charme suranné qui le différencie des blockbusters dopés à la testostérone, le métrage est un chant du cygne réussi pour une légende du grand écran. Les spectateurs du Grand Théâtre Lumière au Festival de Cannes ne s’y sont pas trompés. Lorsque le générique commença à dérouler, beaucoup avaient les yeux humides, non pas tant pour ce qui était à l’image que pour le vent de nostalgie qui s’emparait de la salle. La page se tourne. Au revoir Indiana Jones. Merci et bravo de l’avoir fait par la grande porte.
Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur