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INCROYABLE MAIS VRAI

Un film de Quentin Dupieux

Le secret face à l’étalage

Alain et Marie ont décidé d’acheter une maison. Ce qui les a convaincu ? Une trappe, située au sol de la cave, dont les propriétés particulières pourraient tout changer dans leur vie…

Incroyable mais vrai film movie

Après son épatant "Mandibules" l’an dernier, et avant la comédie barrée "Fumer fait tousser", récemment présentée à Cannes, Quentin Dupieux nous revient avec une autre comédie décalée, passée elle par la section hors compétition du festival de Berlin en février dernier. "Incroyable mais vrai" est l'histoire d'un couple, formé par Léa Drucker et Alain Chabat, confronté à la découverte des propriétés d’une partie de leur maison (une trappe au fond de leur cave) que leur a vendu un agent immobilier conscient de l’atout que représente celle-ci. Mais comme dans tout conte touchant au surnaturel, pas forcément très moral, il y a des règles à respecter pour ne pas devenir soi-même une victime de ce qui faisait au départ l’enchantement. En cela l’introduction relève du supplice chinois (l’agent immobilier fait bien durer le suspense pour ce qui est pour lui un argument de vente...), le film lorgnant alors sur les avertissements façon Gremlins, puis jouant sur les trajectoires divergentes face à la découverte, comme par exemple dans le récent "The Room" de Christian Volckman. Mais la propriété de la trappe est à chercher ailleurs et l’affiche choisie pour la sortie française vous en donnera d’ailleurs peut-être un indice.

Difficile cependant de parler du film sans en déflorer les secrets. Ceux qui tenteront d’ailleurs de réfléchir de manière cartésienne au dispositif finiront d’ailleurs sûrement par en avoir le vertige. Mais ce qui est particulièrement intéressant dans le scénario de Dupieux, c’est que ses deux personnages principaux vont finalement avoir des réactions aux antipodes l’une de l’autre, l’une privilégiant ce qu’elle pourrait avoir, ou vivre, l’autre se contentant de ce qu’il a, ou a vécu. Jouant avec les obsessions de chacun, le metteur en scène livre une réflexion sympathique sur le temps qui passe et sur l’importance que chacun donne au parcours, plutôt qu’à son souvenir, ou sa possibilité.

Débutant sur des aller-retours entre l’avant et l’après achat du pavillon, s’amusant à jouer initialement la confidence avec le spectateur pour mieux faire enfler le mystère, Quentin Dupieux joue aussi des paraboles, avec l’expérience de la pomme, pourrie à l’intérieur. Une manière sans doute de souligner que les envahissantes obsessions de la femme ne valent pas mieux que celles de leur couple d’ami : le gain, la performance et les « trucs de mecs ». Benoît Magimel, moustachu et bedonnant, interprète ainsi le patron d’Alain Chabat, marié à Anaïs Demoustier, méconnaissable et hilarante, en épouse à la fois intéressée et vulgaire. Tous deux apportent la dose d’humour nécessaire à cette histoire délicieusement malsaine, par leurs mésaventures avec un « objet » bien particulier, lui aussi « incroyable mais vrai ». Entre étalage d’un côté et culture du secret de l’autre, embarquez donc sans hésiter dans l’univers improbable de ces deux couples, qui demande un minimum de laisser aller.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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