IMPOSTURE
De la critique à l’écriture, de la frustration à l’imposture
Imposture, un titre évocateur pour un film qui va l’être tout autant. Ainsi, d’un sujet plutôt convenu - les affres de la création, l’usurpation… - Bouchitey va réussir à tirer un film convaincant, à l’ambiance noire, inquiétante et originale. Si la construction de ce film frise le nombrilisme (Bouchitey est à la fois auteur, réalisateur et rôle principal), on en oublie vite cet aspect des choses pour se plonger dans l’histoire. Le réalisateur nous propose des choix artistiques déroutants, comme ces jeux de visages parfaits chez Laetitia Chardonnet, l’étudiante spoliée qui n’a plus besoin de parler tant son corps et son visage sont expressifs. Inversement, le personnage du critique, interprété par le réalisateur est inquiétant tant il manque d’expressions, de sentiment ou d’émotion. Le tout renforçant encore l’imagerie très noire d’Imposture.
Constamment sur le fil, le film nous propose une bande sonore de grande qualité, les opéras de Mozart venant renforcer encore le malaise ressenti à la vision des images. De nombreuses émotions sont suscitées, suggérées… tant par la narration que par le jeu des acteurs et la mise en scène, orientant le spectateur dans des chemins tortueux de réflexion, pour ne finalement choisir qu’une ligne droite mêlant amour, envie, pulsion et répulsion…
Finalement, ce film aurait presque pu être un huis-clos, tant les personnages secondaires (Ariane Ascaride, Isabelle Renauld) bien que parfaitement interprétés sont relégués au rang de faire valoir du duo tragique que forment le maître et son élève. Il s’agit donc d’un film particulièrement réussi, qui mûrit dans l’esprit du spectateur et trouve son sens plus encore dans l’après projection que durant la séance elle-même. Une œuvre à voir pour tous les critiques comme pour les créateurs et apprentis créateurs de toute sorte.
Rémy MargageEnvoyer un message au rédacteur