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THE IMPOSSIBLE

Au cœur du cyclone

En Thaïlande, alors qu'ils passent Noël dans un hôtel de luxe, un couple avec trois enfants se retrouve pris dans la catastrophe du tsunami du 26 décembre 2004. Lorsque la mère sort la tête de l'eau, elle entend juste crier son fils aîné, alors que tous deux sont emportés par le courant...

Qu'est-ce qui fait que le spectateur est en permanence fasciné par les catastrophes, qu'elles soient naturelles ou pas ? Après avoir assisté à l'incendie de la « Tour infernale », au naufrage du « Titanic », à l'éruption d'un volcan dans « Le Pic de Dante » ou « Volcano », voici que les foules seront irrésistiblement attirées par l'approche d'un tsunami et de ses conséquences sur l'une des familles de victimes. Pourtant, Juan Antonio Bayona, auteur remarqué de « L'Orphelinat » (« El orfanato ») n'est pas le premier à s'intéresser au sujet, Clint Eastwood en ayant tiré une histoire mystique et larmoyante avec « Au-delà ». Et d'autres, comme Sono Sion ont aussi évoqué récemment une catastrophe similaire avec « Himizu ».

L'introduction est rapide et, par petites touches, nous amène à nous attacher à cette petite famille parfaite. On y découvre une évidente complicité entre la mère et le père, et la fête de Noël, baignée par la chaleur et les rayons d'un soleil lumineux, semble un moment de bonheur presque irréel. Puis, Juan Antonio Bayona nous plonge soudainement au cœur de la tragédie. Il suffit de quelques tremblements, quelques cris d'oiseaux qui s'enfuient, des regards effrayés qui se croisent et marquent la fatale distance entre les personnages, pour créer l'angoisse. Puis vient l'eau qui passe par dessus les bâtiments... et la vague. Ces quelques secondes de replis sur soi suffisent pour nous plonger au cœur du cauchemar, puis c'est le noir, suffocant, insupportable, les remous sans fin...

Une fois le premier choc passé, la première partie nous conte la survie de la mère et du fils aîné, s'épaulant l'un l'autre. Bayona donne tout à voir : le courant, le retrait des eaux, les rares arbres comme refuges précaires, mais aussi l'état psychique des survivants, le doute, l'attente, l’égoïsme potentiel. Si le fils ne pense qu'à sauver sa peau, la mère elle ne conçoit pas d'abandonner un autre enfant, enseveli sous des restes végétaux. Mais « l'impossible » décrit ici n'est pas seulement la force vitale de l'homme liée à son potentiel de survie, c'est avant tout cet espoir qui ne peut que refaire, lui aussi, surface, même dans les pires situations. Et cela donne notamment l'une des plus belles scènes du film, empreinte de tendresse, le réalisateur s'attardant sur la caresse d'un enfant, trop jeune pour vraiment comprendre, et le regard de l'aîné, tourné vers sa mère, blessée, esquissant un sourire.

La seconde partie nous plongera dans l'enfer logistique d'une telle catastrophe, un imbroglio qui ensevelit lui aussi les hommes et rajoute parfois à la confusion générale. Nous faisant perdre nos repères, le réalisateur décrit les hôpitaux débordés, les campements de fortune, l'impossibilité de retrouver ses proches... Son scénario aligne quelques belles idées, se recentrant en permanence sur l'humain. Que faire pour aider quand on n'est pas médecin ? L'alternative proposée ici s'avère naturelle et déchirante, offrant quelques moments de grâce absolue. Sans jamais trop en faire, il évoque aussi l'insupportable - au travers d'un rêve -, donne à voir la détresse, l'alternance entre élan et lâcher prise. On en ressort épuisé, mais convaincu que c'est bien le retour de l'espoir qui fait l'humain... ceci même dans les pires moments ou situations.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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